Kasulo, un petit quartier résidentiel de la ville de Kolwezi, dans la partie du sud-est de la RDC n’a plus rien de résidentiel à ce jour. La cause: ces anciens habitants ont découvert, il y a de cela 2 ans, que leurs maisons étaient sur un terrain minier. Depuis, le petit coin tranquille des familles s’est transformé en plusieurs mini-carrières de cobalt et cuivre, crèant ainsi de bouleversements autant sur les familles, que sur l’environnement du petit quartier de jadis.
D’importants gisements des métaux rares dont le cobalt, le cuivre et l’uranium dorment sous les maisons des habitants de Kolwezi, ville du sud de la République démocratique du Congo, à l’ouest de Likasi dans la province du Lualaba. Jusqu’il y a plus de deux ans pourtant, personne ne pouvait imaginer que tout un quartier, jusque-là résidentiel, pouvait disparaître de la carte de la ville pour ne redevenir qu’un vaste champ d’exploitation artisanale à ciel ouvert.
« Il y avait des maisons partout ici jusqu’au moment où, un habitant, qui avait entrepris de forer un puits dans sa propre parcelle, a découvert le cobalt à peine à 20 mètres de profondeur. Cela a attiré la curiosité de tout le monde vu que son mode de vie avait totalement changé, et au fil des mois les creuseurs ont envahi le quartier », raconte Junior K, un creuseur de la première heure sur le site.
Par effet d’entrainement et de commun accord avec les propriétaires, les maisons d’habitations de Kasulo ont été systématiquement démolies, laissant la place à un vaste champ de galeries, cavernes, tunnels et tentes en bâches où s’activent nuit et jour des creuseurs en quête des pierres précieuses. Seules quelques maisons lointaines qui ont échappé à la démolition viennent rappeler aux anciens le souvenir d’un quartier qui abritait autrefois des familles, des églises, des aires de jeu et même une école privée.
L’exploitation ne profite nullement à la caisse publique
La santé des habitants en danger
Pendant ce temps, les habitants de cette ville du sud de la RDC, réputée pour ces minerais, vit nuit et jour dans un environnement pollué par l’activité minière artisanale, surtout pour ceux dont les parcelles ne portaient pas la couche minéralisée. Ne sachant pas où aller et ignorant le danger qu’ils encourent, certaines familles sont restées dans leurs habitations qui se trouvent sur le rayon radioactif dû à l’activité d’extraction du cobalt.
Ce qui constitue un sérieux problème de santé publique, autant pour ces mineurs artisanaux que les résidents qui sont exposés aux conséquences de l’intoxication et une radioactivité ambiante causée par l’exploitation des minerais, dont le contact permanent est déconseillé. Toutes ces activités pendant l’extraction des minerais, le traitement, la manutention et le transport dépendent des équipements, des générateurs, des processus et des matériels qui génèrent des dangereux polluants atmosphériques tels que des particules et des métaux lourds.
Selon les scientifiques, l’exposition aux minerais cupro-cobaltifère peuvent causer des affections pulmonaires comme des difficultés respiratoires évoluant éventuellement en asthme, ou pneumonie chez des personnes ayant respiré un air chargé en cobalt et d’autres maladies qui ne se sont pas encore manifestés. Dans certains cas, faute de mesures protectrices et préventives, leur impact risque de s’aggraver dans les prochaines années en raison de la lenteur et des effets cumulatifs de certaines contaminations. Ceux qui respirent cet air pollué sont peut-être déjà contaminé mais ne le savent pas encore car les infrastructures sanitaires manquent dans cette région, sans compter les appareils médicaux. Ces pathologies sont parfois dissimulés par d’autres maladies courante.
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Les effets négatifs sur l’environnement
Selon Scott NAWEJ, chercheur en environnement et hydrologie appliqué à l’Université de Lubumbashi, cette exploitation artisanale en milieu urbain a des conséquences environnementales majeures qui sont souvent minimisées. » Des trous creusés par des mineurs artisanaux qui ne produisent plus le cobalt et ne sont que trop peu souvent remblayés après extraction « , explique-t-il. Cette situation pose non seulement des problèmes de sécurité pour les familles qui continuent à se reproduire dans ce quartier et la biodiversité domestique, mais elle contribue aussi à la disparition des anciennes zones de pâturages.
Certaines espèces importantes comme des arbres fruitiers qui servaient autrefois de véritables filtres à air, de protecteurs contre la chaleur et la pluie ont été abattus dans certaines parcelles. Et ce, faisant place à des fossés qui constituent également un danger pour les enfants de maison avoisinant et de nombreux animaux domestiques. Les habitant de Kasulo se souviennent encore qu’un enfant de 18 mois avait trouvait la mort dans un puits alors qu’il était en train de jouer.
Une autre conséquence sur l’environnement est la pollution des sources d’eau et de la nappe phréatique que les mineurs artisanaux, en quête de leur survie, creusant manuellement et rencontrent à faible profondeur. Cette eau alimente traditionnellement les puits et les sources en eau potable qui s’en servent pour nettoyer les minerais. C’est la nappe la plus exposée à la pollution en provenance de la surface. Mais aussi pendant la saison de pluie, toutes ces eaux de surface polluées mêlées à la poussière et déchets des matières tombent au sol, sont par ruissèlement drainés vers des parcelles pour ensuite être déversés dans la rivière Dilala.
L’exploitation artisanale plus pénible qu’elle ne procure de bénéfice
Arsène Kilolo, âgé de 25 ans, est l’un des centaines de mineurs artisanaux qui exploitent clandestinement les minerais dans la cité de Kasulo depuis un an. Après avoir décroché son diplôme en électricité à l’école Vyombo à Kolwezi, par manque de moyens financiers pour payer l’université, il a rejoint ses amis à Kasulo pour y extraire artisanalement le cobalt. » Depuis mon arrivée, J’ai constaté que Kasulo ne produit plus comme avant, et cela est l’une des raisons pour lesquelles plusieurs creuseurs ont changé de site d’exploitatiom. Ce travail me rapporte 300$ US le mois « .
Pour lui, cette somme est insignifiante par rapport au coup de la vie qui est de plus en plus cher et le prix payé par les négociants est, au mieux, souvent inférieur à la moitié de la valeur réelle du produit. Car, les organisations internationales non gouvernementales estiment que 20% du cobalt actuellement exporté par la RDC proviendrait du travail des mineurs artisanaux du Katanga. Pour la division des mines de la province du Lualaba, cet artisanat désorganisé et chaotique est une contribution insuffisante à la production des métaux de base qui devraient, normalement, être produits de manière efficace et rationnelle en fort tonnage.
Le trésor public profite des redevances et taxes que les sociétés minières, ne possédant pas de concession minière, paient après la transformation industrielle des minerais bruts extraits artisanalement. » L’exploitation ne profite nullement à la caisse publique étant donné que le contexte dans lequel les artisans miniers travaillent ne permet pas, d’une part aux exploitants eux-mêmes d’en bénéficier, et d’autre part, l’état ne profite pas sur les redevances ou sur les taxes. Toutefois. Il y a beaucoup d’entreprise minière qui dépendent de l’exploitation artisanale. Lorsque les mineurs vendent leur production auprès des industriels, c’est après transformation que les industriels paient la redevance minière à l’État parce qu’il y a des entreprises qui ne possèdent pas des concessions et s’approvisionnent auprès des artisanaux. C’est à ce niveau qu’on peut dire que la production minière issue de l’exploitation artisanal profite au trésor public « , renseigne un cadre de la division des mines qui a souhaité garder l’anonymat.
Le non-respect des lois et mesures de sécurité
Selon la Loi n°007/2002 du 11/07/2002 portant Code Minier, une exploitation artisanale est toute activité par laquelle une personne physique de nationalité congolaise se livre, dans une zone d’exploitation artisanale délimitée en surface et en profondeur jusqu’à trente mètre au maximum, à extraire et à concentrer des substances minérales en utilisant des outils, des méthodes et des procédés non industriels.
Cependant, un large fossé existe entre les prescrits légaux qui régulent ces activités et la réalité sur le terrain. « Les habitants de Kasulo ignorent que le code foncier est diffèrent du code minier et du code forestier. Le code foncier n’autorise pas à creuser les minerais dans sa propre parcelle, il faut solliciter un permis d’exploitation au niveau de cadastre minier car le sol et le sous-sol appartiennent à l’état», s’insurge José Kabwit, conseiller minier de l’ONG ADECO, Action de Développement Communautaire. En outre, les mineurs artisanaux exploitant sur le site de Kasulo ne possèdent aucun équipement de sécurité, seules une torche et une pioche leur servent de matériaux. Et bien souvent, les parois des mines s’effondrent et les accidents graves sont fréquents, entrainant mort d’hommes.
Selon Scott Nawej, les causes d’éboulements sont multiples: » d’une part les mineurs artisanaux ne respectent pas les mesures des sécurités en creusant des galeries souterraines qui ne sont pas bien dimensionnées. nike free run 5.0 damskie Ainsi, les puits se chevauchent en profondeur selon le plongement de la couche minéralisée et laissent la couche supérieure sans soutènement et s’effondre de la pesanteur. » D’autre part, pendant la saison des pluies, la présence de l’eau souterraine et de celle qu’elle emmagasine fragilise les matériaux de la terre, et la surface peut s’effondrer par un seul coup de marteau « , renchérit-il.
Plusieurs éboulements sont déjà survenus à Kasulo, mais personne ne peut donner de chiffres exacts, car ils n’ont jamais été déclarés par les creuseurs qui enterrent même les morts pour éviter les représailles du gouvernement et la fermeture des sites. Qu’à cela ne tienne, le travail des creuseurs artisanaux a un impact négatif sur l’état de la route nationale de Luilu qui va vers Dilolo et dont plusieurs tronçons sont affectés par les galeries souterraines. Cette route pourra s’affaisser à l’avenir si aucune action n’est entreprise et une étude approfondie s’avère important sans aucune négligence avant que le pire n’arrive.
Tentative de relocalisation
Malgré de nombreux avertissements lancés aux exploitants du site de Kasulo par le nouveau gouvernement provincial du Lualaba, l’exploitation continue à ce jour bien qu’en forte baisse. Le ministre des mines de la nouvelle province du Lualaba, qui tente de relocaliser les creuseurs artisanaux dans un autre site, explique les efforts de son gouvernement, qui ne semble pas empêcher d’autres creuseurs de revenir clandestinement.
«Au départ les habitants commençaient à creuser dans leur propre maison et ne voulaient pas que l’État accède à leur parcelle. A l’arrivée de notre gouvernent, on s’est retrouvé devant un fait accompli. Nous avons commencé le processus de délocalisation vers un autre site au village Kabunji. Nous faisons de notre mieux pour épargner les creuseurs du danger qu’ils encourent après avoir creusé de puits très profonds», affirme le ministre provincial de mine du Lualaba Jean-Marie Chizainga.
Selon le Directeur Général des opérations de CMKK, une de coopérative minière de la province du Lualaba, le nombre des creuseurs sur la cité de Kasulo a considérablement baissé. » Comparé aux premières années de la découverte du gisement cupro-cobaltifére dans cette zone, où on comptait environ 12 000 creuseurs. A l’heure actuelle, on compte actuellement plus ou moins 300 creuseurs artisanaux sur une superficie de 2km2 des maisons détruites à Kasulo, une diminution qui a aussi réduit le taux de criminalité autrefois décrié « , dit-il.
Merci de c riche partage sur la problématique environnementale. Étant acteur dans le domaine de la protection des ressources hydrauliques, nous allons aussi partager dans différentes couches de la population. Jack Wells Consulting Company/ JWC-L’shi.