Les conflits armés intensifient l’insécurité alimentaire en RDC, selon la FAO

Près de 7,7 millions de personnes en RDC sont exposées à la faim à cause de la hausse des actes de violences et des déplacements de population, soit 30 pour cent de plus que l’année dernière, selon le nouveau rapport de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Programme alimentaire mondiale (PAM), […]

Près de 7,7 millions de personnes en RDC sont exposées à la faim à cause de la hausse des actes de violences et des déplacements de population, soit 30 pour cent de plus que l’année dernière, selon le nouveau rapport de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Programme alimentaire mondiale (PAM), publié le 14 août 2017.

En effet, plus d’une personne sur dix vivant en zone rurale souffre de la faim. Ces souffrances  sont en hausse en raison de la croissance des conflits, de sa persistance dans le temps et des déplacements de population dans le centre et l’est de la RDC, principalement dans les régions du Kasaï et du Tanganyika, où les actes de violences se sont généralisés.

La malnutrition chronique affecte 43 pour cent des enfants âgés de moins de cinq ans, soit plus de 7 millions d'enfants en RDC.

La malnutrition chronique affecte 43 pour cent des enfants âgés de moins de cinq ans, soit plus de 7 millions d’enfants en RDC.

Selon l’analyse du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), entre juin 2016 et juin 2017, le nombre de personnes confrontées à une insécurité alimentaire  « d’urgence » et de « crise » (Phase 4 et 3 et de l’IPC), soit les stades précédant celui de famine sur l’échelle de l’IPC et requérant une aide alimentaire et humanitaire d’urgence, a augmenté de 1,8 million, passant de 5,9 à 7,7 millions. En termes clairs, ces personnes n’ont pas d’autres choix que de vendre tout ce qu’elles possèdent, de sauter des repas ou encore de réduire leurs portions de nourriture.

En outre, la situation humanitaire s’est de nouveau détériorée suite aux invasions de chenilles légionnaires et aux épidémies de choléra et de rougeole selon le rapport. « Dans les régions touchées par les conflits, les agriculteurs ont vu leurs villages et terrains se faire piller. Ils n’ont pas pu planter lors des deux dernières campagnes et les marchés alimentaires ont du mal à combler leurs besoins alimentaires. Les conflits et les invasions de chenilles légionnaires, qui ont détruit plus d’un quart des cultures du territoire national, ont eu un effet catastrophique pour les communautés rurales. La situation est appelée à s’empirer si une aide urgente n’est pas apportée en temps opportun », a déclaré M. Alexis Bonte, Représentant par intérim de la FAO en RDC.

« Les agriculteurs, en particulier ceux qui ont été déplacés et plus précisément les femmes et les enfants, ont désespérément besoin d’une aide urgente et de moyens pour survivre tels que des outils et des semences afin de pouvoir reprendre les activités agricoles. De nombreuses femmes déplacées ont perdu leurs maris. Pour elles, les activités agricoles, représentent un moyen de se reconstruire et d’appréhender l’avenir avec dignité et espoir », a ajouté M. Bonte. 

Dans certaines des zones affectées par la faim, entre 50 et 80 pour cent de la population peine à joindre les deux bouts et à trouver de quoi se nourrir. Dans plusieurs régions, certaines personnes mangent une fois par jour et leurs repas (à base de maïs, de manioc et de pommes de terre) ne permettent pas de satisfaire leurs besoins journaliers nutritionnels et caloriques. Ces trois derniers mois, les prix des produits alimentaires ont augmenté. Dans certains cas, les régimes alimentaires se limitent à des féculents et à des feuilles.

D’autres se tournent vers d’autres options telles que la réduction du nombre de repas ou le fait de sauter des repas. Certains vendent leurs biens, empruntent de l’argent, envoient les membres de leurs familles mendier ou encore manger ailleurs.

La malnutrition chronique affecte 43 pour cent des enfants âgés de moins de cinq ans, soit plus de 7 millions d’enfants en RDC.

Les déplacements massifs  de population – 3,7 millions de personnes en RDC – et le flux constant de réfugiés issus des pays voisins mettent à rude épreuve des ressources déjà limitées, tout comme la propagation alarmante des chenilles légionnaires, qui affecte 50 des 145 territoires de la RDC, cela a eu pour effet d’aggraver l’insécurité alimentaire. Cela est particulièrement le cas dans les zones présentant un niveau élevé de pauvreté, de malnutrition et d’insécurité alimentaire chronique.

Cette détérioration de la situation affecte tout particulièrement les habitants de la région du Kasaï.

« Le PAM est extrêmement préoccupé par la sécurité alimentaire et la nutrition, qui se détériore dans plusieurs régions de la RDC » a déclaré M. Claude Jibidar, Directeur pays du PAM. « Mais il n’existe pas d’autre endroit où la situation est plus alarmante qu’au Kasaï. Nous appelons toutes les parties à permettre l’acheminement d’une aide vitale et appelons la communauté internationale à aider à répondre à des besoins pressants. »

La FAO et le PAM appellent à intensifier de manière urgente la fourniture de nourriture vitale et une aide nutritionnelle  afin de lutter contre la malnutrition. Il est nécessaire de distribuer également des semences et des outils afin que les agriculteurs puissent planter de nouveau et rebâtir leurs moyens d’existence.

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