Le complexe d’aires protégées de Bili-Uélé est le plus grand complexe d’aires protégées dans le nord de la République Démocratique du Congo (RDC). Situé à la frontière de la République Centrafricaine, il abrite d’importantes populations d’éléphants et de chimpanzés, en plus d’un éventail complet de la biodiversité forestière et de savane.
Bien qu’étant un complexe d’aires protégées, l’autorité de la faune de la RDC, l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN), n’a jamais réussi à protéger et à gérer efficacement la région en raison du manque de ressources et de l’éloignement exceptionnel du site. En fait, jusqu’au début du 21ème siècle, personne ne savait si la région était habitée par les gorilles ou les chimpanzés. Ce n’est qu’après le travail de terrain des chercheurs comme Cleve Hicks, qui a mené une étude sur la biodiversité dans la région en 2012 avec l’appui de l’African Wildlife Foundation (AWF), que l’on a découvert que la région abritait la plus grande population de chimpanzés de l’Est de l’Afrique et une très importante population d’éléphants de forêt, malgré des années de braconnage intensif.
Pourtant, la région ne restera pas un refuge pour la biodiversité sans intervention appropriée de conservation. L’exploitation minière artisanale est une menace importante. D’un autre côté, les pasteurs Mbororo du nord, travaillant avec les braconniers, pénètrent également librement dans le complexe d’aires protégées.
À la demande de l’ICCN, l’AWF a accepté de soutenir l’autorité de la faune dans la mise en place d’une protection efficace et d’une gestion participative dans une partie du complexe de Bili Uélé. Avec les résultats de la recherche de Hicks renforcées par les informations recueillies au cours d’une mission de suivi effectuée en 2014, l’AWF a identifié une zone centrale de 10.000 km² ayant le taux le plus élevé en potentiel de protection de la biodiversité et le plus bas taux de destruction de l’habitat. Cette étendue d’habitat intacte forme une transition entre la forêt le long de la rivière Bili dans le sud jusqu’à la savane et la terre ferme le long de la rivière Mbomu dans le nord. L’AWF a nommé ce domaine « la Mosaïque des forêts et de savanes de Bili-Mbomu ».
Aucune activité de conservation ou de protection n’y est entreprise, probablement en raison de l’isolement de la région, de sa situation d’isolement, de l’absence d’infrastructure solide et de la présence de petites factions de l’Armée de Résistance du Seigneur (LRA) et d’autres rebelles. Compte tenu du niveau d’insécurité dans la région, AWF a décidé de collaborer avec Maisha Consulting, une société expérimentée dans la protection des aires protégées dans les zones de guerre ou de conflits.
Mise en route
En Février 2015, le conservateur nouvellement nommé, Bernard Iyomi, deux membres du personnel d’AWF ainsi que Nir Kalron et Rémi Pognante de Maisha Consulting se sont rendus sur le site de Bili pour évaluer la situation. Comme en témoigne l’éloignement de Bili, s’y rendre équivaut à un voyage de 340 km en voiture partant de Kisangani dans la province Orientale jusqu’à la ville de Buta et 240 km en moto de Buta à Bili, ponctué de traversées de rivières en pirogues. Cependant, l’effort en valait la peine vu que l’équipe a pu rencontrer les autorités et les communautés locales, et identifier un bureau permanent sur le terrain où les deux structures, l’AWF et l’ICCN, sont maintenant implantées.
Depuis cette mission, l’AWF et Maisha se sont organisées pour que les équipements leur parviennent à Bili (via Entebbe, en Ouganda et Aru, RDC). Le processus de sélection de potentiels gardes du parc selon les critères actuels de l’ICCN sont en cours. Après une formation approfondie, une sélection finale sera faite. En fonction de l’accord signé entre les parties, au moins 50 pourcents des gardes seront sélectionnés parmi les communautés locales.
Cette formation sera menée de manière suivante:
- L’ICCN a la charge de former sur la législation congolaise, les procédures et les règles de l’ICCN et la gestion des aires protégées
- Maisha, quant à elle, va instruire les rangers sur la prévention des embuscades, l’amélioration de la discipline et assurer la communication et la sécurité lors des situations non sécurisées et isolées;
- Enfin, AWF mettra l’accent sur la sensibilisation de la communauté, l’utilisation de CyberTracker et le Spatial Monitoring and Reporting Tool (ou SMART) pour améliorer la lutte contre le braconnage et le suivi écologique.
Principales activités
Plusieurs grandes activités supplémentaires sont prévues durant les six premiers mois. L’AWF effectuera la collecte des informations utiles sur la perception de l’insécurité existante, elle déterminera comment les communautés et les intrus locaux utilisent la zone centrale de Bili-Mbomu, et va cartographier toutes les parties prenantes et avoir une meilleure compréhension des risques et des opportunités sur le site. L’AWF compte utiliser des images satellitaires, outils fournis par L’Observatoire Mondiale des Forêts (Global Forest Watch), grâce auquel elle a reçu une subvention pour produire des modèles de prévention de risques de déforestation; elle va également utiliser des informations recueillies parmi les communautés locales ainsi que les premiers résultats de lutte anti-braconnage CyberTrackerguided et les patrouilles de surveillance écologique qui doivent être créées et mises en place pour une protection et un plan de gestion de la conservation améliorés. L’objectif est que cela soit fait d’ici la fin 2015.
Si tout se passe comme prévu, dans la seconde moitié de 2015, environ 20 à 30 écogardes de l’ICCN vont patrouiller et sécuriser au moins 30% de 10.000 km² au sud de la zone cible, protégeant pour la toute première fois cette importante population de chimpanzés et d’éléphants, ainsi que de nombreuses autres espèces animales. Après la sécurisation de cette zone-clé, l’AWF va élargir son programme pour couvrir le plus d’étendue de cette importante région.
Voici une version traduite de l’article. La version originale à été publié en Anglais. Voici le lien
Vraiment C’est une bonne nouvelle pour cette zone qui a connue beaucoup de problème d’insécurité, nous espérons qu’avec la participation et la collaboration des communautés locales il aura de bon résultats dans l’avenir. Car la gestion participation reste parmi les meilleures approches dans des situations pareilles.