Pour Lars Christian-Lilleholt, ministre du Climat danois, le contexte international favorable permet d’espérer que les dirigeants réunis à Paris pour la COP21 parviennent à un accord. Cela n’avait pas été le cas en 2009 à Copenhague.
En 2009, j’ai assisté en tant que parlementaire à la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques de Copenhague. J’avais à l’époque le sentiment d’assister à un événement qui allait changer le monde. Les différents négociateurs avaient travaillé pendant des années autour d’un ambitieux accord contraignant visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre, et les yeux du monde se tournaient ainsi vers le Danemark. Malheureusement, crise financière mondiale et intérêts nationaux particuliers se sont conjugués jusqu’à faire dérailler un accord global.
Voici aujourd’hui que les négociateurs climatiques sont à nouveau réunis – cette fois-ci à Paris, sur fond d’un espoir d’accord tout aussi élevé. La différence réside toutefois en ce qu’ il existe de bonnes chances d’aboutir cette fois à un accord solide. Je serai présent à Paris, en tant que ministre danois en charge des questions climatiques, et je suis persuadé que la conférence de cette année marquera au niveau mondial le commencement d’une prise au sérieux de la question de la maîtrise du réchauffement climatique.
Nouvelle donne politique
Le contexte politique est aujourd’hui fort différent de celui observé il y a six ans. Au moment de la conférence de Copenhague, le monde était encore sous le choc d’un effondrement financier mondial évité de peu, un certain nombre d’éminents dirigeants politiques doutaient encore de la responsabilité des activités humaines dans la provocation des changements climatiques, et plusieurs groupes industriels faisaient encore campagne contre la mise en place de réductions contraignantes des émissions.
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Aujourd’hui, l’économie mondiale est en période de reprise, les scientifiques du climat ont dissipé les derniers doutes concernant les causes du changement climatique, et le monde des affaires a désormais rejoint le camp des défenseurs de l’environnement. En 2009, les dirigeants d’entreprise sensibles à la question environnementale se comptaient sur les doigts d’une main.Désormais, ils représentent une véritable armée. Goldman Sachs a par exemple annoncé au mois de novembre qu’elle investirait 150 milliards $ dans les énergies vertes d’ici 2025.
Des Etats contributeurs
Les dynamiques qui caractérisent les négociations ont elles-mêmes considérablement changé. L’objectif ne consiste plus désormais à concevoir un accord qui dicterait les réductions d’émissions à respecter par les différents États, mais à faire naître un accord de réduction des émissions qui permette aux gouvernements de décider de ce que leur pays peut mettre sur la table. C’est ainsi que les États contribuent dans leur individualité à faire avancer l’accord. Tous savent désormais combien il serait catastrophique de ne fournir aucun effort, et combien la réduction des émissions est vouée à porter ses fruits sur le long terme.
Partout s’observent les signaux d’une avancée. L’an dernier par exemple, les États-Unis et la Chine ont conclu un accord bilatéral de lutte contre les changements climatiques . L’Amérique s’est engagée à réduire ses émissions de CO2 de 26 à 28 % d’ici 2025, tandis que la Chine a convenu d’atteindre son pic d’émissions aux alentours de 2030, pour ensuite commencer à les faire diminuer.
Cette nouvelle approche a considérablement élargi le champ des négociations climatiques. L’accord de Paris devrait faire intervenir plus de 180 pays, couvrant au moins 90 % des émissions mondiales de CO2. À titre de comparaison, le Protocole de Kyoto de 1997 couvrait moins de 15 % des émissions planétaires.
Les défis à relever
La communauté internationale semble en bonne voie pour atteindre l’objectif convenu à Copenhague, consistant à mobiliser chaque année 100 milliards $ de financement climatique pour les pays en voie de développement jusqu’en 2020. Pour y parvenir, il nous faudra exploiter la puissance des marchés, en tirant parti des fonds publics pour attirer l’investissement privé. À cet égard, le Fonds danois d’investissement pour le climat pourrait servir d’exemple, lui qui permet au gouvernement d’investir – aux cotés d’importants fonds de pension danois – dans des projets climatiques favorables aux entreprises danoises.
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La démarche impliquera également une suppression progressive des subventions aux combustibles fossiles, ainsi que la mise en place de nouveaux outils financiers incitant les investisseurs à contribuer eux-mêmes à la résolution de leurs problématiques, sans recours systématique à des fonds publics.
La conclusion d’un accord à Paris permettrait d’établir ce cadre global dont le monde a si cruellement besoin pour réduire le volume total des émissions de gaz à effet de serre. Et bien qu’un tel cadre n’ait pas vocation à marquer l’achèvement de la lutte contre les changements climatiques, il établirait de solides fondations en appui d’une transition globale vers l’économie verte.
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