Sur le marché mondial, il existe 5 types d’huiles animales déjà connus. Une 6ème vient de voir le jour: l’huile des larves de Charançon des palmiers. C’est le résultat des recherches menées par Hélène Baku, une chercheuse RD-Congolaise.

Riche en insuline et dépourvue de cholestérol, cette huile a été certifiée en mars 2014 par le laboratoire français d’UMR-IATE, CIRAD de Montpelier. Pendant ce temps, Hélène et tous les siens cherchent le financement pour entamer la production de cette huile «Made in DR-Congo».

Hélène Baku et ses collaborateurs dans le laboratoire de l'Université Pédagogique Nationale

Hélène Baku et ses collaborateurs dans le laboratoire de l’Université Pédagogique Nationale de Kinshasa

En 2012, quand ils se sont rendus dans le district de Djeka, province de Kasaï-Oriental au centre-Est de la RD-Congo, à la recherche des meilleures larves des charançons, Hélène Baku Tamba et toute son équipe du Club des amis du Parc zoologique, botanique et miseum -PZBM- n’imaginaient pas qu’ils allaient mettre au grand jour, une importante découverte. «Ce sont plutôt les difficultés logistiques qui ont favorisées cette découverte. A Djeka, nous n’avions ni les possibilités de conserver les larves capturées ni celles de les ramener à Kinshasa. Alors, nous avions commencé à réfléchir sur les dérivés de ses insectes. Et, tout est parti de là!», a-t-elle commenté. Puis : «Avec mon équipe, nous avons travaillé et produit cette huile que nous avons appelé Nzadi, traduit par la foudre dans l’une des langues locales de la province».

Avec des matériels rudimentaires, Hélène Baku et ses collaborateurs ont réussi un coup de maître. Ils ont donné naissance à la sixième huile animale complétant ainsi les cinq autres qui existaient déjà dans le marché mondial. Pour leur premier essai, les chercheurs RD-congolais avaient produit plus de 100 litres d’huile. «Elle a été bien accueillie par la population locale. Ça servait dans la cuisson alors que certaines personnes l’appliquaient comme une lotion à la peau… La population l’a utilisé de plusieurs manières», se félicitent les chercheurs.

S’inscrire dans la norme

Alors que cette huile des larves de Rhynchophorus raphianum d’origine animale récoltait un franc succès parmi les communautés, sa commercialisation sur toute l’étendue de la RD-Congo en était une autre paire de manche. Nzadi se présentait dans un emballage peu attirant tandis que sa certification n’avait pas non plus été approuvée.

Dès lors, les chercheurs avaient entamé les démarches pour prouver la fiabilité de cette huile à genre nouveau. «Nous avons fait faire des analyses auprès du laboratoire d’UMR-IATE, CIRAD de Montpelier dont les résultats ont non seulement prouvé la fiabilité de cette huile, mais aussi attesté que, depuis 1945, date à laquelle le chercheur R. Paulian a décrit les larves de dynastes et celles de calandres comme aliments pour les populations de l’Asie, leurs graisses n’ont jamais été scientifiquement étudiées. Notre huile est une vraie invention RD-congolaise. Nous en sommes très fiers. Car, à part l’huile de Baleine, celle de cachalot, de foie de morue, graisse de bœuf ou encore gras de porc, il faut compter désormais sur Nzadi, huile de larves de Ponse -insectes colonisant les palmiers à huile-», informe-t-elle.

Bonne nouvelle pour les diabétiques

Le laboratoire a rendu son verdict des analyses (N° Pro forma 180314 -dossier 1402) le 18 mars 2015. L’huile des larves de Charançons est très riche en acides gras palmitique et oléique. Le rapport ajoute que les propriétés de cette huile sont les mêmes que celles de l’huile de palme, mais présentent quelques spécificités la rendant exceptionnelle. «L’huile rhynchophore est dépourvue de cholestérol et riche en insuline. Elle est aussi très fluide, légère, digestible et stable en cuisson. Nzadi est également riche en caroténoïde d’où sa coloration jaunâtre. Raffinée, elle ne contient pas des précipités au fond du vase», rapportent les analyses du laboratoire français poursuivant qu’elle peut être utilisée dans les industries agro-alimentaires notamment sauce tomate, biscuiterie, lait pour bébé, pâtisserie, chocolaterie, etc.

Depuis leur invention, Hélène Baku et toute son équipe cherchent le financement pour démarrer effectivement les activités de ce projet dénommé «Un sertarium à Coléoptère Rhynchophorus». Il leur faut près d’USD 2 millions. «Le projet est énorme. Il consistera non seulement à l’élevage d’insectes et fabrication de l’huile, mais aussi à créer des sites pour l’éco-tourisme. Puisque les insectes seront élevés dans une serre, ce projet contribue à la préservation des palmiers à huile et va générer beaucoup d’emplois», déclare Hélène Baku qui est aussi secrétaire au Réseau de femmes leaders des petites et moyennes entreprises -RFEL-PME. «Aucune de nos autorités nous a reçu jusque-là alors que nous avons introduit des demandes de financements dans presque tous les ministères. J’espère que nos autorités vont entendre notre appel», a-t-elle conclu.

Cet article est une publication originale de Congo Green Citizen

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