Les tourbières du bassin du Congo sont déjà en danger, selon Greenpeace Afrique

Au lendemain de la Déclaration de Brazzaville sur la protection des tourbières, Greenpeace Afrique tire la sonnette d’alarme sur le danger auquel sont déjà exposées les tourbières dans le bassin du Congo. Selon elle, des activités industrielles sont déjà en cours, en ceci que les trois concessions forestières attribuées en février dernier aux entreprises chinoises par […]

Au lendemain de la Déclaration de Brazzaville sur la protection des tourbières, Greenpeace Afrique tire la sonnette d’alarme sur le danger auquel sont déjà exposées les tourbières dans le bassin du Congo. Selon elle, des activités industrielles sont déjà en cours, en ceci que les trois concessions forestières attribuées en février dernier aux entreprises chinoises par le ministre de l’environnement et développement durable de la République Démocratique du Congo chevauchent les zones de  tourbières.

Le gouvernement de la RDC avait décidé d’octroyer aux sociétés d’exploitation forestière chinoises la Forestière pour le Développement du Congo (FODECO) et  la  Société La Millénaire Forestière (SOMIFOR), le 1er février 2018,  une superficie totale de 650.000 hectares de forêt, créant de vives réactions au sein de la société environnementale congolaise et internationale.

Une autre menace qu’évoque Greenpeace est l’approbation par le Président Kabila, au cours de ce mois, d’un accord commercial entre la RDC, l’Association Nationale des Hydrocarbures (SONAHYDROCoc) et la Compagnie Minière du Congo (COMICO). Dans cet accord, les blocs destinés à l’exploration pétrolière couvrent environ 1 460 000 hectares, principalement situés dans la cuvette centrale de la RDC, une zone chevauchée par les tourbières ainsi que le parc national de la Salonga, un site du patrimoine mondial de l’UNESCO, peut-on lire dans le communiqué de l’organisation environnementale.

En République du Congo, au moins un accord de concession a été approuvé pour la création d’une plantation de palmiers à huile, qui occuperait 420.000 hectares de tourbières boisées, comme le démontre l’affaire ATAMA, selon Greenpeace. « Nous appelons les deux gouvernements à protéger ces tourbières en annulant toutes les activités industrielles actuelles et futures dans ces zones et en maintenant le moratoire sur les titres d’exploitation forestière », interpelle Irène Wabiwa Betoko.

Selon les experts des tourbières du Bassin du Congo, l’exploitation industrielle dans et autour des tourbières est parmi les principales menaces pour ces zones humides vulnérables stockant plus de 30 milliards de tonnes de carbone. «  La préservation de la forêt du bassin du Congo et de ses tourbières est vitale pour les millions de personnes qui en dépendent et pour assurer la stabilité climatique de la planète », a déclaré Irène Wabiwa Betoko, Responsable de la campagne  Greenpeace Afrique.

La Déclaration de Brazzaville pour protéger les tourbières

La Déclaration de Brazzaville est un accord signé le 23 mars entre la RDC, le Congo et l’Indonésie lors de la troisième réunion de l’initiative mondiale pour les tourbières, assises ayant eu lieu du 21 au 23 mars à Brazzaville, capitale du Congo. Son objectif est de protéger la tourbière tropicale de la Cuvette Centrale, située dans le bassin du Congo et chevauchant la RDC et le Congo, d’une utilisation non réglementée des terres et d’empêcher son assèchement et sa dégradation.

Les trois ministres de l'Environnement de la RDC, de l'Indonésie et du Congo ainsi que M. Erik Solheim, Directeur d'ONU Environnement, signant la Déclaration de Brazzaville. Crédit photo Christlawilla

Les trois ministres de l’Environnement de la RDC, de l’Indonésie et du Congo ainsi que M. Erik Solheim, Directeur d’ONU Environnement, signant la Déclaration de Brazzaville. Crédit photo Christlawilla

Les enjeux de la protection des tourbières sont énormes : une quantité équivalente à la totalité des émissions de gaz à effet de serre produites en l’espace de trois ans est stockée dans le bassin du Congo. Si les tourbières étaient dégradées ou les zones humides naturelles asséchées, ce stock de carbone pourrait alors être relâché dans l’atmosphère.

Afin de préserver l’avenir de cette tourbière naturelle de grande valeur, cartographiée dans sa totalité pour la première fois l’an dernier et dont la taille est équivalente à celle de l’Angleterre, la DRC et la République du Congo ont établi un accord de collaboration transfrontalier. L’accord insiste sur l’importance de la bonne utilisation des sols et de la planification des infrastructures qui prennent la nature des tourbières en considération.

 » La conservation et le développement vont de pair, nous parviendrons à conserver les tourbières uniquement si nous faisons du besoin des personnes une priorité. Nous pouvons aider les pays à mieux comprendre la nature unique des tourbières et contrôler leur utilisation potentielle », a affirmé Erik Solheim, directeur d’ONU Environnement.

Forêts marécageuses du paysage Lac Télé-Lac Tumba. Photo-Anne Marie Tiani

Forêts marécageuses du paysage Lac Télé-Lac Tumba. Photo-Anne Marie Tiani

La réunion a donné lieu a une collaboration appuyée entre l’Indonésie et les pays du bassin du Congo. L’Indonésie, le pays du monde ayant le plus d’expérience dans les questions de gestion des tourbières, s’est montré un partenaire de choix pour une Coopération Sud-Sud pour le développement.

Les tourbières sont des zones humides qui contiennent un mélange de matières biologiques décomposés, partiellement recouvertes par une couche d’eau et manquant ainsi d’oxygène. Les tourbières possèdent une biodiversité complexe et hébergent une grande variété d’espèces mais leur teneur élevée en carbone les rend vulnérables aux incinérations lorsqu’elles sont asséchées. Le premier principe pour sa bonne conservation est qu’elle demeure humide. La déclaration reconnaît l’importance de la percée scientifique que consiste la cartographie de la zone de tourbières tropicales la plus grande au monde.

Les tourbières sont le plus grand réservoir de carbone terrestre naturel, contenant plus de carbone que tout autre type de végétation, y compris les forêts du monde. Les tourbières fournissent de l’eau potable, réduisent les risques d’inondation et de sécheresse et sont essentielles à la préservation de la biodiversité mondiale. Cependant, une méconnaissance de la valeur des tourbières a conduit à leur drainage et à leur conversion à d’autres usages. Les tourbières endommagées contribuent actuellement à près de 6% des émissions anthropiques mondiales de CO2. Au Royaume-Uni seulement, les tourbières endommagées libèrent presque 3,7 millions de tonnes d’équivalent CO2 chaque année.

Carte des tourbières dans la forêt équatoriale en RDC. Crédit : Greta Dargie

Carte des tourbières dans la forêt équatoriale en RDC. Crédit : Greta Dargie

Le complexe de tourbières de la Cuvette Centrale détient une estimation d’environ 30 milliards de tonnes de carbone et couvre plus de 145 500 kilomètres carrés. Ces forêts de tourbières relativement intactes, qui sont habitées depuis plus de 50 000 ans, abritent des espèces uniques de plantes et d’animaux.

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