Le caoutchouc est toujours sur la jante. La bulle spéculative du latex n’en finit pas de se dégonfler. En 2015, le suc de l’hévéa a perdu près d’un quart de sa valeur. Et, en ce début d’année, la pression à la baisse se poursuit. Il se négocie à un niveau qu’il n’avait plus atteint depuis 2009. Une élasticité qui n’est guère du goût des grands pays producteurs.
La Thaïlande, l’Indonésie et la Malaisie ont donc mis la gomme pour regonfler le prix du caoutchouc en réduisant leurs exportations. Cette décision, annoncée jeudi 4 février, porte sur un volume de 615 000 tonnes sur les six prochains mois. Un signal fort, alors que ces trois pays représentent, à eux seuls, 60 % de la production mondiale. Réussiront-ils à inverser la tendance ? Mystère et boule de gomme…
Projet de plantation au Gabon
Cette réaction prouve que la situation se tend comme un élastique. En particulier en Thaïlande, dont l’effort est le plus conséquent, avec une baisse de l’export de 324 000 tonnes. Dans ce pays, premier producteur mondial, la junte au pouvoir depuis mai 2014 avait dans un premier temps rejeté la politique de subventions agricoles. Elle n’avait pas de mots assez durs pour dénoncer l’aide versée aux producteurs de riz par le gouvernement civil qu’elle avait renversé.
Pourtant, en janvier 2016, la junte a assoupli sa doctrine. Elle a accepté d’acheter 200 000 tonnes de caoutchouc aux planteurs à un prix deux fois plus élevé que celui du marché, et d’inciter les administrations contraintes à faire ces emplettes à trouver des usages. Qu’il s’agisse d’améliorer le confort de couchage des soldats ou le revêtement des routes…
Pas de signe pourtant, d’une baisse du rythme d’écoulement du suc des hévéas dans le monde. La production devrait encore progresser de 3,8 %, à 13 millions de tonnes en 2016. Cette culture, qui a contribué, comme l’huile de palme, à la déforestation, en particulier en Indonésie, poursuit son extension. En janvier, la société Olam International a ainsi dévoilé un projet de plantation de 28 000 hectares d’hévéas au Gabon, en accord avec le gouvernement de ce pays.
Quête de nouvelles recettes
Or, la demande s’essouffle et ne devrait progresser que de 1,3 % en 2016, pour une consommation de 12,6 millions de tonnes. L’arrêt programmé de l’usine française de bottes en caoutchouc Le Chameau n’est pas en cause. La raison est davantage à chercher du côté du marché chinois, premier importateur, dont la croissance ralentit.
Pour autant, les fabricants de pneus estiment que leurs besoins ne vont cesser de croître. Olam International cite d’ailleurs Michelin comme client prioritaire. Le propriétaire du Bibendum estime que l’hévéa ne comblera pas ses besoins et teste, comme ses rivaux, de nouvelles recettes de caoutchouc. Quand l’un tambouille du sucre, l’autre malaxe du « pissenlit russe ». Pirelli, dont le propriétaire, ChemChina, vient de s’offrir le géant des pesticides et des semences Syngenta, mise, lui, sur la gayule du Mexique.
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