Selon le Rapport Planète Vivante 2018 du WWF, l’agriculture à petite échelle et le bois de chauffe sont les principales causes de la perte du paysage forestier et de la dégradation des terres dans le bassin du Congo. Publié ce 30 octobre 2018, le rapport place les plus grands spots de déforestation en RDC, au Congo-Brazzaville, au Cameroun et au Gabon.
Selon ce rapport, à cause de l’humanité et de notre façon d’alimenter, de soutenir et de financer nos sociétés et nos économies, la nature et les services qui nous nourrissent et nous font vivre courent à leur perte. Le rapport, publié aujourd’hui, dresse une image préoccupante de l’impact de l’activité humaine sur la faune, les forêts, les océans, les rivières et le climat. Il souligne que les opportunités d’agir actuelles vont rapidement disparaître et que la communauté mondiale doit de toute urgence repenser et redéfinir collectivement la façon dont nous valorisons, protégeons et restaurons la nature.
Le Rapport Planète Vivante 2018 présente une vue d’ensemble de l’état de notre monde naturel, vingt ans après sa première publication. Par le biais d’indicateurs tels que l’Indice Planète Vivante (IPV), fourni par la Société Zoologique de Londres (ZSL), l’Indice Habitat des Espèces (IHE), l’Indice Liste rouge (ILR) de l’UICN et l’Indice d’Intégrité de la biodiversité (IIB), ainsi que les limites planétaires et l’Empreinte écologique, le rapport dresse un tableau particulièrement troublant : l’activité humaine pousse les systèmes naturels de la planète, piliers de la vie sur Terre, au bord du gouffre.
« La science nous montre la dure réalité que nous faisons subir à nos forêts, nos océans et nos rivières. Petit à petit et espèce par espèce, la diminution du nombre d’animaux et de lieux sauvages est un indicateur de l’impact et de la pression considérables que nous exerçons sur la planète, sabotant ainsi le tissu vivant qui nous soutient tous : la nature et la biodiversité », a déclaré Marco Lambertini, Directeur général, WWF International.
L’IPV, qui suit les tendances de l’abondance mondiale de la faune, indique que les populations mondiales de poissons, d’oiseaux, de mammifères, d’amphibiens et de reptiles ont diminué de 60 % en moyenne entre 1970 et 2014, dernière année pour laquelle des données sont disponibles. Les principales menaces pesant sur les espèces identifiées dans le rapport sont directement liées aux activités humaines, notamment la perte et la dégradation de leur habitat et la surexploitation de la faune.
« Des rivières et des forêts tropicales aux mangroves et aux montagnes, nos travaux montrent qu’aux quatre coins de la planète, l’abondance de la faune a considérablement diminué depuis 1970. Les statistiques sont effrayantes, mais tout espoir n’est pas perdu. Nous avons l’occasion de concevoir une nouvelle voie qui nous permettra de coexister de manière durable avec la faune dont nous dépendons. Notre rapport présente un ambitieux plan d’action visant à apporter le changement. Nous aurons besoin de votre aide pour y parvenir », a déclaré le professeur Ken Norris, directeur des sciences à la ZSL (Société Zoologique de Londres).
L’activité humaine compromet la capacité de la nature à soutenir l’humanité
Au cours des dernières décennies, les activités humaines ont eu de graves répercussions sur les habitats et les ressources naturelles dont la faune et l’Homme dépendent, tels que les océans, les forêts, les récifs coralliens, les zones humides et les mangroves. 20 % de l’Amazonie a disparu en 50 ans à peine. On estime que la Terre aurait perdu environ la moitié de ses coraux en eaux peu profondes au cours des 30 dernières années. A l’exemple du bassin du Congo, l’agriculture industrielle et minière, l’exploitation forestière non durable du bois et les infrastructures constituent les causes secondaires de la déforestation.
Tout en soulignant l’étendue et l’impact de l’activité humaine sur la nature, le Rapport Planète Vivante 2018 met également l’accent sur l’importance et la valeur de la nature pour la santé et le bien-être des personnes, mais aussi pour nos sociétés et nos économies. À l’échelle mondiale, la nature fournit des services d’une valeur d’environ 125 billions de dollars par an, tout en contribuant à garantir un apport d’air frais, d’eau propre, de nourriture, d’énergie, de médicaments et d’autres produits et matières.
Le rapport s’intéresse en particulier à l’importance des pollinisateurs, responsables de 235 à 577 milliards de dollars (US) dans la production agricole chaque année, et à la façon dont leur effectif, leur diversité et leur santé sont impactés par le changement climatique, les pratiques agricoles intensives, les espèces envahissantes et les maladies émergentes.
« La nature soutient et alimente nos sociétés et nos économies en silence depuis des siècles et encore aujourd’hui. En contrepartie, le monde continue de prendre pour acquis la nature et ses services, en ne parvenant pas à mettre un terme à l’appauvrissement accéléré de la nature. Il est temps que nous réalisions qu’un avenir sain et durable pour tous n’est possible que sur une planète où la nature prospère et où les forêts, les océans et les rivières regorgent de biodiversité et de vie », a ajouté M. Lambertini. « Nous devons de toute urgence repenser la manière dont nous utilisons et valorisons la nature – sur le plan culturel, économique et dans nos programmes politiques. Nous devons considérer la nature comme belle et inspirante, mais aussi comme indispensable. Nous avons besoin, ainsi que la planète, d’un nouvel accord mondial pour la nature et les peuples maintenant. »
Une feuille de route pour agir en faveur de la nature – pour 2020 et au-delà
Il est certain que les deux programmes – pour l’environnement et le développement humain – doivent converger si nous voulons construire un avenir durable pour tous. Le Rapport Planète Vivante 2018 souligne la possibilité pour la communauté mondiale de protéger et de restaurer la nature jusqu’en 2020, l’année cruciale au cours de laquelle les dirigeants doivent examiner les progrès accomplis dans la réalisation des Objectifs de développement durable, de l’Accord de Paris et de la Convention sur la diversité biologique (CBD).
Le WWF appelle les citoyens, les entreprises et les gouvernements à se mobiliser et à mettre en œuvre un accord-cadre global pour la nature et les populations au titre de la CDB. Cet accord devra encourager l’action publique et privée afin de protéger et restaurer la biodiversité et la nature, mais aussi de renverser la courbe suivie par les tendances dévastatrices mises en évidence dans le Rapport Planète Vivante 2018.
Le chapitre 4 du rapport s’inspire d’un article intitulé « Viser plus haut pour renverser la courbe de la perte de biodiversité » qui suggère une feuille de route proposant les objectifs, indicateurs et paramètres que les 196 États membres de la CDB pourraient envisager lors de la 14ème Conférence des Parties à la CDB, en Égypte, en novembre 2018. Et ce afin de parvenir à un accord mondial urgent, ambitieux et efficace pour la nature, tel qu’il l’a été fait pour le climat à Paris.
La CoP14 de la CDB réunira les dirigeants mondiaux, les entreprises et la société civile afin d’élaborer le cadre d’action de l’après-2020 en faveur de la biodiversité mondiale. Elle marque donc un moment charnière et posera les bases d’un accord mondial devenu urgent pour la nature et les peuples.
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