Lac Kivu: le dégazage du golfe de Kabuno ou prévenir une catastrophe et sauver la biodiversité

Le lac Kivu est connu pour sa grande quantité du gaz méthane, qui est une source énergétique non négligeable. Cependant, ce gaz n’est pas le seul que contient ce lac situé entre Goma et Bukavu, deux grandes villes de la région du Kivu en République Démocratique du Congo. On y trouve également le dyoxide de […]

Le lac Kivu est connu pour sa grande quantité du gaz méthane, qui est une source énergétique non négligeable. Cependant, ce gaz n’est pas le seul que contient ce lac situé entre Goma et Bukavu, deux grandes villes de la région du Kivu en République Démocratique du Congo. On y trouve également le dyoxide de carbone (CO2) ou gaz carbonique en grande quantité, soit environ 155 km3.

Les origines de ce gaz ne sont pas directement liées aux activités volcaniques comme le prétendaient la plupart d’habitants de Goma mais plutôt une conséquence de beaucoup de phénomènes tels que la décomposition des matières organiques. Aussi, une autre quantité de ce gaz provient directement du manteau comme l’explique Mathieu Yalire, responsable de la géochimie à l’observatoire volcanologique de Goma.

Le lac Kivu à la pêcherie moderne de Kituku à Goma

Le lac Kivu à la pêcherie moderne de Kituku à Goma

Dans la majeure partie du lac Kivu, ce gaz se situe à environ 60 mètres de profondeur selon l’expert Matthieu Yalire. Ce qui n’est pas en effet le cas dans le golfe de Kabuno, partie située dans le nord-ouest du lac tout près de la cité de Sake à une vingtaine de kilomètres de Goma, où le lac n’a que 150 mètres de profondeur tout au plus, le dioxyde de carbone se trouve à une faible profondeur soit à au moins 10 mètres de la surface.

Un risque permanent d’asphyxie pour les populations humaines et animales environnantes en cas d’explosion de ce gaz à effet de serres. Une explosion pourrait survenir en cas d’un phénomène exogène tel qu’un tremblement de terres où une éruption volcanique. Et cela pourrait avoir des conséquences sur tous les êtres vivants autours du lac explique Matthieu Yalire..

L’opération de dégazage tarde

Du risque d’explosion et des dégâts qui peuvent en résulter, nombreux en sont conscients, et parmi eux le gouvernement provincial et national qui ont lancé symboliquement en mars dernier, l’opération du dégazage par la réception de la station pilote de dégazage de cette partie du lac Kivu. A l’époque ministre national des hydrocarbures, Aimé Ngoy Mukena avait exprimé sa satisfaction en soulignant que l’opération pourrait « sauver des vies menacées et rayer le lac Kivu de la liste des lacs tueurs du monde ».

Le gouverneur de la province du Nord-Kivu avait également souligné que cela allait épargner la vie des plus de deux millions d’êtres humains dans la région près du lac Kivu comprise entre la République Démocratique du Congo et le Rwanda, sans compter de nombreux dégâts sur tout l’environnement en général. Depuis lors, aucune activité n’a été signalée dans cette station pilote de dégazage où les travaux doivent être exécutés par l’entreprise Française Imnologicale Enginering SAS France, qui avait gagné ce marché.

Des experts de l’observatoire volcanologique de Goma dont Mathieu Yalire, déplorent cette sorte de laxisme dans l’exécution de ce projet. Ils disent craindre un scenario semblable à celui survenu en 1986 dans le nord-ouest du Cameroun ou plus de 1800 personnes avaient perdu la vie au cours d’une explosion de dioxyde de carbone dans le lac Nyos. Contrairement au Cameroun ou le dégazage a été fait après un horrible incident, la République démocratique du Congo a fait preuve d’une certaine prévoyance en envisageant les travaux, bien que concrètement, il manque de célérité dans l’exécution.

Pendant ce temps, le gouvernement provincial affirme que l’opération est bien en cours. Le ministre provincial des hydrocarbures et énergie, Anselme Kitakya soutient que la réception de la station pilote de dégazage est une preuve vivante que l’opération a bel et bien été lancée.

Le dégazage sauverait également l’économie

La forte concentration du gaz carbonique dans le lac Kivu, plus précisément dans la baie de Kabuno est l’une de cause du nombre très réduit de la population aquatique dans ses eaux. Selon Mathieu Yalire, « Il n’y a pas moyen que les poissons puissent y vivre avec toute tranquillité ou se multiplier aisément. Les poissons ne vivent que dans la biozone, donc la partie qui va de la surface jusque-là où l’on retrouve le gaz carbonique. Le dégazage pourrait contribuer à l’augmentation de la biozone et les poissons pourront vivre aisément et se multiplier« .

L’expert estime que le dégazage ne pourrait pas seulement prévenir une catastrophe dans l’avenir mais aussi profiterait à la population environnante en favorisant la multiplication de poissons. Ses propos peuvent se vérifier par le fait que, plusieurs fois des poissons ont déjà été retrouvé morts sur le surface du lac et dont la mort est liée au gaz carbonique présent dans le lac.

Vue du Lac Kivu à Goma en RDC

Vue du Lac Kivu à Goma en RDC

Quant au professeur Boniface Kaningini, chercheur en biologie, il suffit seulement qu’il y ait un renversement de colonnes d’eaux causé par exemple par une forte vague ou un quelconque phénomène tectonique pour que les poissons soient en danger et cela après que le gaz enfermé dans les eaux profondes soit libéré. Les colonnes d’eaux sont les compartiments et niches écologiques ou espèces du volume d’eau compris entre le fond et la surface. Selon Mathieu Yalire, le mot peut également désigner l’eau qui monte à travers le tuyau plongé à l’intérieur et qui fait monter une certaine masse d’eaux).

En plus le professeur adhère aussi à l’idée selon laquelle le dégazage du lac Kivu occasionnerait une augmentation du nombre de poissons. En effet, un nombre non négligeable de la population environnante du lac Kivu vit directement ou indirectement de la pêche.

Un dégazage responsable implique la plantation des plusieurs arbres pour absorber la quantité du gaz jetée dans l’atmosphère. L’opération qui avait déjà été faite d’ailleurs par le gouvernement ayant procédé au reboisement de 400.000 plantules couvrant une superficie de 650 hectares au Nord-Kivu et 350 hectares au Sud-Kivu en raison de 0,8% de gaz carbonique libéré.

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