A quelques jours de l’ouverture de la COP21, où en est-on dans la négociation sur les enjeux financiers ? L’une des grandes questions que devront résoudre les pays membres de la Convention cadre sur les changements climatiques sera : comment mettre en place un système financier durable ? De l’adhésion internationale à l’architecture financière proposée, dépendra en grande partie le succès de l’accord mondial qui est recherché à Paris.
La question du financement de la lutte contre le réchauffement climatique est un sujet épineux marqué par d’importantes divergences de point de vue entre pays industrialisés et pays émergents face à une forte demande des pays du Sud qui sont les destinataires de ces fonds. Cette question, dans l’approche de Paris, s’est construite sur l’héritage d’une promesse faite à Copenhague.
La promesse de Copenhague
En 2009 à la COP15 de Copenhague, les pays riches, responsables historiques du réchauffement climatique ont promis 100 milliards de dollars par an dès 2020 aux pays en développement pour les aider à faire face à la lutte contre le changement climatique. Mais les destinataires de ces fonds estiment aujourd’hui que la somme est très insuffisante en regard des coûts estimés. Car d’un côté ils vont devoir réaliser des transformations importantes de leurs économies, comme ils s’y sont engagés pour la première fois cette année en communiquant leurs intentions (INDC).
Pour ce faire, ils devront se dégager notamment de leur dépendance aux énergies fossiles très émettrice de gaz à effet de serre, pour privilégier des énergies propres. Ils demandent que ce changement de modèle énergétique soit compris dans cette aide promise qui devra aussi intégrer des transferts de technologies. Et puis ils devront investir aussi dans l’adaptation, c’est-à-dire dans tout ce qui concerne la préparation aux impacts des changements climatiques qu’ils vont subir (inondations, cyclones, sécheresses…) et bien au delà, puisqu’on parle aujourd’hui aussi de « pertes et dommages » pour évoquer les impacts et les conséquences du réchauffement climatique (pertes de territoires, catastrophes, insécurité alimentaire, migrations, conflits …).
Pollueurs payeurs !
Les pays les plus riches qui sont les grandes puissances industrielles, considérés comme historiquement responsables du changement climatique, ne souhaitent pas porter seuls cet effort financier. Ils sollicitent la participation des grands pays émergents comme la Chine ou l’Inde qui sont devenus depuis de très gros émetteurs de gaz à effet de serre. La Chine par exemple, qui est aujourd’hui le plus gros pollueur du monde devant les Etats-Unis, souhaite garder le statut qui lui est le plus favorable, dont elle a pour l’instant bénéficié, qui reconnait une division entre pays développés et en développement comme cela avait été instauré en 1992 par la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques. Une position nuancée par un effort en septembre de la Chine qui a annoncé une aide de 3,1 milliards de dollars pour les politiques climatiques des pays du Sud.
100 milliards pour le Sud
De plus, pour les pays industrialisés qui se sont engagés sur cette promesse, il faut honorer cet engagement et trouver les moyens pour réunir la somme de 100 milliards de dollars (92 milliards d’euros) d’ici à 2020. Selon un rapport de l’Organisation de coopération et de développement économiques (l’OCDE) 62 milliards de dollars sont déjà mobilisés en 2014 depuis les pays développés vers des pays en développement pour le climat et plusieurs pays se sont engagés à apporter des financements complémentaires.
L’Union européenne par exemple s’est engagée à consacrer au moins 20% de son budget à l’action pour le climat entre 2014 et 2020, soit en moyenne 2 milliards d’euros par an pour soutenir les pays en développement. Les financements français qui sont de 3 milliards d’euros par an aujourd’hui, passeront à 5 milliards en 2020 a annoncé le président François Hollande.
A Lima en octobre 2015, les ministres des Finances et les institutions internationales ont tenté d’apporter des réponses solides à ce financement climat en engrangeant des annonces de banques multilatérales de développement (Banque mondiale, Berd, BEI) pour environ 15 milliards de dollars de financements publics annuels nouveaux.
Néanmoins, il manque encore de l’argent pour que le système atteigne l’objectif qu’il s’est fixé. Mais comme ce fonds de 100 milliards de dollars peut être constitué d’apports venant du secteur public et du secteur privé, certains considèrent que le complément doit venir maintenant davantage du privé : 1 100 entreprises ont déjà publié leurs engagements sur la plateforme des Nations unies. Les pays du Sud de leur côté espèrent que l’on ne fera pas de confusion, dans le décompte des financements versés, entre des projets purement de développement et ceux liés véritablement à l’atténuation et à l’adaptation aux changements climatiques.
Les pays en développement savent que cette question financière, vitale pour le sud, sera un point essentiel de la négociation si l’on veut obtenir une adhésion de tous à l’accord recherché.
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