Le leader du secteur au Cameroun sollicite pour la troisième fois en cinq ans une revalorisation des tarifs à la sortie d’usine, bloqués depuis une décennie. Mais les raffineurs d’oléagineux s’y opposent.
Les producteurs camerounais d’huile de palme croisent les doigts et espèrent que la troisième tentative – après celles infructueuses de 2013 et 2015 – pour inciter les autorités à augmenter le prix de cession du kilogramme à la sortie d’usine sera la bonne. La Société camerounaise de palmeraies (Socapalm), qui assure 70 % de la production locale, a pris la tête de la croisade. En mai, son directeur général, Dominique Cornet, a adressé une requête à Luc Magloire Mbarga Atangana, le ministre du Commerce, pour lui demander de revoir le montant à la hausse.
Coté au Douala Stock Exchange et détenu à 67,46 % par le belge Socfin, le leader du secteur, rejoint fin juin par Pamol, Safacam (Socfin) et la Cameroon Development Corporation, souhaite que la barre soit relevée dans une fourchette comprise entre 22 % et 33 %, avec un nouveau prix se situant entre 550 et 600 F CFA le kg (entre 0,84 et 0,91 euro).
« Le prix de l’huile de palme [homologué à 450 F CFA le kg] n’a pas évolué depuis environ dix ans alors que les coûts de nos facteurs de production ont augmenté de manière significative », se justifie Dominique Cornet, citant les engrais, les produits phytosanitaires, les salaires, le transport et l’électricité, sans compter les cotisations sociales.
Un prix déconnecté de la réalité ?
Les producteurs estiment que le cours actuel est déconnecté de la réalité. À l’export, le kilo se vend 518,70 F CFA au port de Douala. « Et en saison de basse production, les prix varient fortement à la hausse et atteignent 800 000 à 1 million de F CFA la tonne [soit 800 à 1 000 F CFA le kg] », poursuit Dominique Cornet.
D’après Socapalm, cette hausse pe rmettrait à l’entreprise, forte de 6 400 employés pour un chiffre d’affaires de 72 millions d’euros en 2016, d’investir 38,3 milliards de F CFA sur la période 2015-2020 et de les consacrer essentiellement à l’extension des palmeraies, au renouvellement du verger et au doublement des capacités de sa principale huilerie.
Une requête qui ne plaît pas à tout le monde
Mais la requête de ces acteurs de la première transformation ne suscite pas l’unanimité au sein de la filière, qui emploie aujourd’hui près de 12 000 personnes.
La Socapalm et de la Safacam, ont plus investi ces dernières années dans le développement de l’hévéa, lorsque les cours du caoutchouc étaient soutenus, au détriment du palmier
Les associations de défense des consommateurs présentes au sein du comité ad hoc chargé de la régulation de la filière huile de palme et les sociétés actives dans la seconde transformation sont vent debout contre une éventuelle augmentation du prix.
Ils doutent de la sincérité des intentions des producteurs, dans la mesure où certains, à l’instar de la Socapalm et de la Safacam, ont plus investi ces dernières années dans le développement de l’hévéa, lorsque les cours du caoutchouc étaient soutenus – avant que la première n’abandonne cette culture l’an dernier –, au détriment du palmier.
« La Socapalm n’a pas respecté le plan d’investissement qu’elle avait présenté en 2008 pour obtenir un relèvement du prix de cession de 300 F CFA à 450 F CFA. Qu’est-ce qui garantit la mise en œuvre du nouveau plan d’investissement évoqué ? » peste Jacquis Kemleu Tchabgou, le secrétaire général de l’Association des raffineurs des oléagineux du Cameroun (Asroc).
Prudent, Luc Magloire Mbarga Atangana maintient le statu quo et exige que l’audit de la filière, en cours, soit achevé avant toute prise de décision.
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