Un lot de carnets de recherche datant de 1930 et contenant des précieuses données sur la croissance des arbres a été découvert dans une station de recherche abandonnée en République Démocratique du Congo, révèle un article de The Guardian.
Ces carnets ont été découverts par le biologiste Koen Hufkens, de l’Université de Ghent en Belgique, dans un bâtiment en état de délabrement à la station biologique de Yangambi, dans la province de la Tshopo, au nord de la RDC. Cette station qui était autrefois l’institution de recherche forestière et agricole d’Afrique (INERA).
Ces papiers en décomposition pourraient devenir la clé pour aider à résoudre un énigme crucial: prédire comment la végétation répondra aux changements climatiques. Combinées à d’autres données disponibles, celles récupérées permettront à Hufkens d’améliorer les prédictions sur la santé de la forêt.
Après que sa collègue ait mentionné ces recherches dans la forêt de Yangambi, Hufkens s’y est rendu en 2013 et a fait des copies de ces anciens cahiers et résumés annuels. Il est arrivé juste à temps car le toit du bâtiment s’était déjà effondrés et les documents étaient déjà exposés à des pluies incessantes et certains étaient attaqués par des rongeurs.
Mais Hufkens était ravi. La collection contenait des observations hebdomadaires de 2 000 arbres entre 1937 et 1958. Les techniciens avaient notoirement remarqué que les arbres fleurissaient, se fructifiaient, laissaient tomber des fruits et perdaient les feuilles.
L’archive était un trésor, mais il y avait un grave problème. Les notes manuscrites ne pouvaient pas être numérisées facilement pour permettre l’analyse statistique. Il fallait transcrire jusqu’à 100 000 observations dans une feuille de calcul. Hufkens a estimé qu’il lui faudrait une année complète, plus de temps qu’il disposait pour le travail.
En 2015, Hufkens est tombé sur Zooniverse, un site Web de recrutement des bénévoles en ligne pour aider les scientifiques à accomplir des tâches nécessaires mais fastidieuses que la recherche exige souvent. Grâce à ce site, 1,5 million de bénévoles ont aidé à classer ces précieuses informations.
Hufkens a numérisé les scans qu’il avait faits à Yangambi en milliers de photos, chacune contenant des informations d’une année à partir d’un seul arbre. Les bénévoles sur le site ont examiné une photo à la fois. En quelques secondes, ils ont pu transcrire l’information visuelle sous une forme telle qu’elle pourrait ensuite être réunie dans un ensemble de données complet. Environ 8 000 bénévoles ont travaillé sur les données découvertes à Yangambi.
Après un peu plus d’un an, l’équipe virtuelle de Zooniverse a fini de traiter l’énorme collection en mars dernier et Hufkens peut maintenant comprendre le comportement des arbres en corrélation avec les enregistrements météorologiques de Yangambi.
Hufkens a commencé à faire des recherches sur le bassin du Congo il y a environ cinq ans. Il avait prévu d’installer une station de surveillance de haute technologie connue sous le nom de tour de flux de carbone à Yangambi.
Les jungles telles que la forêt du Congo jouent un rôle essentiel dans la régulation du réchauffement climatique; la végétation stocke environ 25% du dioxyde de carbone que la terre produit. Les scientifiques croient qu’une grande partie de ce CO2 finit par être stockée dans les troncs d’arbres des forêts tropicales, dont ceux du Congo, à eux seule, séquestrent 250 milliards de tonnes.
Toutefois, les recherches démontrent que le puits de carbone tropical est en dysfonctionnement, car cela signifie que le CO2 s’accumule plus rapidement dans l’atmosphère et les températures augmenteront plus rapidement.
Les scientifiques s’efforcent de mieux comprendre comment les forêts tropicales répondent aux changements de précipitations. La forêt du Congo, deuxième étendue forestière après celle de l’Amazonie, est particulièrement difficile à étudier. Les mauvaises infrastructures, l’instabilité des gouvernements et la guerre civile ont systématiquement entravé la recherche. Mais comprendre le Congo est important vu qu’il semble s’assécher de plus en plus, et il est difficile de dire comment il se comportera dans un climat plus sec.
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