Des résultats préliminaires d’une récente expédition scientifique montrent que des traces de la présence humaine dans le 2 ème poumon vert du monde datent d’au moins 600 mille ans.
Au Parc National de la Lopé au Gabon, le gisement d’Elarmékora pourraient chambouler les modèles établis sur l’histoire des origines des peuples du Bassin du Congo. « On a toujours dit que l’Afrique Centrale était quelque chose qui était réservé aux grands singes, que ce soient les Chimpanzés ou les gorilles. En fait c’est faux : il y a des présences humaines laissées par des hommes et ce sont ces pierres taillées », affirme l’archéologue Français Richard Oslisly dans un documentaire publié sur la chaîne YouTube de l’Institut de recherche pour le développement (IRD).
Docteur en Préhistoire Africaine, Richard travaille sur l’archéologie du Gabon depuis plus de 35 ans. D’après l’archéologue, les scientifiques ont longtemps pensé que l’arrivée des hommes dans les forêts d’Afrique Centrale était récente et datait d’environ 70 mille ans seulement.
Les premières recherches de Richard, menées au Gabon en 1987, lui avaient pourtant permis de découvrir des outils de pierre taillée, « révélant ainsi une très ancienne présence de l’homme estimée à près de 400 000 ans selon des critères géo-morphologiques et paléo climatiques » rappelle l’UNESCO. Mais, à l’époque, ce sont juste des hypothèses. En 2019, pour obtenir une datation plus précise, l’archéologue est retourné au Parc National de la Lopé, inscrit depuis 2007 au Patrimoine Mondial de l’UNESCO sous le nom «Écosystème et paysage culturel relique de Lopé-Okanda».
« Cette expédition a permis de prélever de nouveaux échantillons qui ont ensuite pu être datés en utilisant des technologies innovantes, les nucléides cosmo-géniques produits in-situ (Aluminium 26 et Béryllium 10) à l’aide d’ASTER, un imposant spectromètre de masse par accélérateur », indique l’UNESCO dans un communiqué publié le 26 Juin 2020. « Les résultats préliminaires obtenus montrent que ces outils datent d’au moins 620 000 ans et au plus 850 000 ans, représentant ainsi la plus vieille preuve de la présence humaine dans le bassin du Congo en Afrique centrale atlantique », ajoute l’UNESCO.
Prosper Ntoutoume Mba, archéologue et conservateur adjoint du parc de la Lopé, affirme que ces données d’une grande importance pour le monde scientifique mais aussi pour les peuples du Bassin du Congo. Pour l’archéologue, ces données vont enrichir le monde scientifique et montrer qu’en dehors de sa riche biodiversité, la Lopé Okanda renferme aussi l’histoire culturelle des communautés Gabonaises et celles des pays voisins. « La Lopé qui est au Centre du Gabon devient au Centre de l’Afrique forestière », se réjouit le chercheur de l’Agence Nationale des Parc Nationaux (ANPN).
Des recherches se poursuivent pour mieux comprendre l’histoire de l’occupation sur ce site du Patrimoine Mondial de l’UNESCO. En attendant, l’agence Onusienne pense que ces récents résultats traduisent une grande avancée sur la connaissance de l’histoire des origines et pourrait aussi « contribuer à une meilleure compréhension des changements climatiques anciens ».
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