L’accord historique sur le climat conclu samedi à Paris va accélérer le changement de visage de l’économie mondiale, en stimulant les investissements dans des énergies, des transports ou des industries moins émetteurs de gaz à effet de serre.
En 2050, « nous aurons une économie plus propre avec une dépendance moins forte aux énergies fossiles, (…) de nouveaux emplois dans de nouveaux secteurs », anticipe Edward Cameron de la coalition We Mean Business.
La transition écologique pourrait créer jusqu’à 60 millions d’emplois d’ici 2030, selon l’Organisation internationale du travail.
– Une énergie plus verte –
L’énergie est responsable des deux tiers des émissions de gaz à effet de serre (GES), notamment du fait de l’exploitation massive des énergies fossiles (pétrole, gaz et charbon).
Pour limiter la hausse des températures à deux degrés par rapport à l’ère pré-industrielle, ce secteur devra atteindre 50% d’énergies renouvelables d’ici 2050, ce qui représente au moins 36.000 milliards de dollars (32.862 milliards d’euros) supplémentaires d’investissements, a estimé l’Agence internationale de l’énergie (AIE).
Le développement des énergies vertes permettra également d’accélérer l’accès à l’électricité dans les pays pauvres et de favoriser leur développement.
Le potentiel d’emplois est important, 24 millions en 2030 selon l’Agence internationale des énergies renouvelables.
Les pays pétroliers devront accélérer la diversification de leurs économies, qui dépendent aujourd’hui quasi exclusivement des hydrocarbures.
Mais les énergies fossiles ne sont pas près de disparaître. Selon l’AIE, elles représenteront encore 75% du bouquet énergétique mondial en 2040.
Pour l’écologiste français Nicolas Hulot, « l’effort est plus structurel que technique, nous ne sommes pas habitués à tourner volontairement le dos à une ressource qui nous tend la main ».
– Se déplacer autrement –
Selon les professionnels, le trafic aérien de passagers devrait doubler, le fret aérien tripler et le trafic maritime de conteneurs quadrupler d’ici 2030.
L’accord de Paris continue de protéger le transport aérien et maritime, une aberration selon les ONG.
Il faudrait remplacer, selon l’AIE, au moins 10% (contre 3% aujourd’hui) de l’essence et du gazole issus des énergies fossiles par des biocarburants, (bioéthanol, biogaz, etc.) produits à partir de biomasse, si possible non issue de cultures alimentaires.
Les véhicules électriques devront aussi être largement déployés.
Les projections tablent sur le développement massif des transports publics pour limiter l’expansion des voitures individuelles.
Mais il faut prendre des mesures « dès aujourd’hui », insiste Franck Lecocq, ingénieur au Centre international de recherches sur l’environnement et de développement (Cired), car c’est un secteur « dans lequel les durées de vie des équipements sont très longues ».
La transition nécessiterait 3.000 milliards de dollars d’ici 2035, selon le Climate policy initiative.
– Une industrie plus économe –
Pour réduire son impact sur le climat, les experts comptent sur la mise en place d’une tarification du carbone qui pénalise la pollution.
« Une partie des transformations relève du gain en efficacité, (…) de faire la même chose mais avec moins », explique Franck Lecocq.
Déjà de nombreuses entreprises tentent de réduire leur consommation d’énergie et de matières premières, recyclent leurs déchets, se tournent vers l’éco-conception de leurs produits. Mais il faudra faire beaucoup plus.
Certaines activités, notamment les plus énergivores (sidérurgie, aluminium, pétrochimie), devront totalement se transformer.
« A moyen terme, on peut imaginer que des activités qui existent aujourd’hui se réduisent considérablement », prévient M. Lecocq, comme toute l’industrie minière, très importante dans certains pays.
– Protéger l’agriculture –
Les émissions de gaz à effet de serre, notamment de l’élevage, devraient s’accroître considérablement car la consommation de viande et de produits laitiers va bondir.
Pour limiter le réchauffement climatique, il faudrait protéger les forêts et restaurer les terres dégradées par l’agriculture intensive ou la déforestation massive.
Le réchauffement, même contenu, a déjà un impact sur la baisse des productions et rendements agricoles et sur les prix. L’enjeu est celui de l’accès à tous à la nourriture.
– Des bâtiments autonomes –
Au rythme actuel, les émissions de CO2 du secteur pourraient augmenter de 70% d’ici 2050.
Elles pourraient, selon des experts, être considérablement réduites, à condition de réaliser 220 milliards de dollars (200,8 milliards d’euros) d’investissements d’ici 2020, soit 50% de plus qu’en 2014.
Nous aurons alors des bâtiments de nouvelle génération, mieux isolés, construits avec de nouveaux matériaux, qui produiront eux-mêmes leur énergie par des panneaux solaires et seront chauffés grâce à la fermentation des nos déchets. L’adaptation des bâtiments existants sera toutefois compliquée.
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