Les saisies de pangolins, de leurs écailles et leurs peaux en provenance d’Afrique et destinés à l’Asie, sont en augmentation. Crédit: 2630ben / Shutterstock

Les pangolins, un groupe unique de mammifères à écailles d’Afrique et d’Asie, sont considérés comme l’un des mammifères sauvages les plus trafiqués au monde. Ils sont chassés et commercialisés pour leur viande, leurs écailles et d’autres parties de leurs corps, et également utilisés comme médicaments traditionnels dans certaines régions d’Afrique et d’Asie.

Quatre des huit espèces de pangolin se trouvent en Afrique. Il s’agit du pangolin à ventre blanc, à ventre noir, géant et de Temminck. Trois de ces espèces vivent dans les forêts d’Afrique centrale. Les pangolins arboricoles à ventre blanc et à ventre noir pèsent environ 1,5 à 3 kg (comparable à un petit lapin) et le pangolin géant terrestre peut peser jusqu’à 33 kg (le poids d’un petit chien du Labrador).

Mais l’on sait peu de choses sur la taille de la population, les taux de mortalité et le potentiel de reproduction des pangolins africains. De plus en plus de preuves suggèrent qu’à mesure que la disponibilité de pangolins asiatiques diminue et que les flux commerciaux internationaux augmentent, les commerçants fournissent de plus en plus de pangolins africains qui sont plus nombreux et moins chers pour satisfaire la demande.

Les saisies de pangolins et de leurs écailles et leurs peaux en provenance d’Afrique destinées à l’Asie augmentent avec plus de 53 tonnes saisies en 2013 seulement. Ces estimations représentent probablement une fraction de tous les pangolins échangés et une fraction encore plus réduite du nombre de pangolins chassés.

Pour mieux comprendre le nombre de pangolins chassés chaque année en Afrique centrale, une équipe de chercheurs a rassemblé des informations sur les quantités d’animaux que les villages de chasse extraient de la forêt, à partir d’études menées au cours des 20 dernières années. Ce faisant, nous pouvons fournir des informations cruciales sur les tendances régionales pouvant être utilisées pour éclairer les actions et les politiques de conservation.

Les résultats

L’équipe a examiné le nombre d’animaux chassés dans les villages et proposés à la vente en rassemblant des données de recherches et de rapports couvrant plus de 100 régions de l’Afrique subsaharienne entre 1975 et 2014.

Elle a extrait des informations indiquant si l’animal avait été mangé ou vendu, comment il avait été chassé, son sexe, sa catégorie d’âge et son prix. Parmi les autres espèces généralement chassées pour la viande, citons les céphalophes bleus, les porcs-épics à queue en brosse et les plus grands rats d’Amérique.

Pour les forêts d’Afrique centrale situées au Cameroun, en République centrafricaine, en Guinée équatoriale, au Gabon, en République démocratique du Congo et en République du Congo, l’équipe a conclu qu’une estimation d’au moins 400 000 pangolins sont chassés chaque année pour leur viande.

Ecailles de pangolin saisies du Cameroun. Crédit: Linh Nguyen Ngoc Bao / MENTOR-POP

Mais nous ne savons pas encore si les pangolins peuvent résister à ces niveaux de chasse. Ceci est principalement dû au fait que nous n’avons pas encore d’estimations fiables de la population de pangolins pour les espèces vivant dans les forêts d’Afrique centrale. Idéalement, nous aurions également besoin de données sur la population et la chasse au même endroit pour pouvoir comprendre les niveaux de chasse qui entraînent un déclin de la population.

Des pressions

Les pressions sur les pangolins africains vont probablement augmenter pour plusieurs raisons.

Premièrement, la déforestation croissante dans les pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre a réduit leur habitat, en particulier pour le pangolin à ventre blanc semi-arboricole et le pangolin à ventre noir arboricole, qui dépendent des habitats forestiers.

La croissance des populations humaines en Afrique occidentale, orientale et centrale risque d’exacerber les tendances en matière de déforestation et de consommation d’espèces sauvages.

Deuxièmement, l’augmentation de l’accessibilité des personnes et des industries extractives dans les zones reculées peut entraîner une plus grande chasse au pangolin. Par exemple, une récente étude a montré que les travailleurs asiatiques de l’industrie au Gabon demandaient davantage des pangolins aux chasseurs que toute autre espèce.

Enfin, le trafic international de pangolins au cours des dix dernières années a explosé. Ils sont l’un des mammifères sauvages les plus victimes de la traite au monde. Par exemple, huit tonnes d’écailles de pangolin faisant l’objet d’un trafic en provenance du Nigéria, l’un des plus gros chargements d’écailles jamais enregistrées, ont été interceptées il y a quelques semaines à Hong Kong.

Il est temps d’agir

Alors que la couverture médiatique sur le trafic des pangolins a augmenté ces dernières années, un soutien financier et politique en faveur de la conservation est toujours indispensable. Cela comprend un appui au suivi de la population de pangolins, à l’identification des bastions des pangolins et des zones nécessitant une conservation, ainsi qu’à l’identification, à la conception et à la mise à l’essai d’interventions de conservation, le cas échéant.

Sans ces étapes, il est fort probable de voir les pangolins africains suivre les traces de leurs homologues asiatiques.

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