Victime de la déforestation, la forêt du Bassin du Congo tend à disparaître et vient ainsi grossir les rangs des sites naturels en danger sur la planète. A ce titre, pour une gestion rationnelle de cette forêt, le philosophe et homme politique congolais, Grégoire Lefouoba propose à L’ONU de distribuer gratuitement des réchauds à gaz, pendant 99 ans, aux populations des pays du Bassin du Congo pour mieux faciliter la protection de ce deuxième poumon vert de la planète après l’Amazonie. Inutile de rappeler alors l’enjeu qu’elle représente dans la biodiversité ainsi que dans la sauvegarde d’un patrimoine mondial.
«Si l’ONU prend la décision de distribuer gratuitement, pendant 99 ans, des réchauds à gaz aux populations des pays du Bassin du Congo, ça va réduire les superficies qui sont détruises tous les jours », a déclaré Grégoire Lefouoba dont le pays a abrité dimanche dernier le sommet sur la Commission climat et le Fonds bleu sur le Bassin du Congo.
«Cette option va décourager les vendeurs du charbon de bois. Dans le cas contraire, on ne trouvera jamais de solutions idoines pour freiner la déforestation effrayante de la forêt du Bassin du Congo, cause majeure de la perte de la biodiversité », a précisé l’ancien ministre de Pascal Lissouba, à la télévision nationale.
L’utilisation du charbon de bois, l’exploitation forestière, l’agriculture migratrice (le défrichement à des fins agricoles) et l’élevage, sont les principales causes de la diminution de la forêt du Bassin du Congo.
On rappelle qu’au Congo Brazzaville par exemple, le département du Pool (sud) a perdu toute sa couverture forestière en moins de 20 ans, d’après le Conseil départemental. Tout a commencé lorsqu’à la fin de la guerre civile, les anciens miliciens se sont convertis en bucherons et charbonniers.
Les forêts de différentes contrées de cette région sont de type « forêts galeries » et occupent 12% de la superficie de cette région de 33.955,20 km². Mais par leur situation géographique, dans la périphérie de la plus grande ville et Capitale du Congo, ces forêts disparaissent chaque jour qui passe.
Elles payent, depuis l’époque coloniale, le prix du développement démographique de Brazzaville, cette grande agglomération, dont les besoins énergétiques ne font qu’augmenter au fil des années.
D’après certaines sources gouvernementales, plus de 6.000 hectares de forêts ont ainsi été détruites entre 2007 et 2009.
Le charbon de chauffe occupe la première place devant le gaz, le pétrole lampant et l’électricité.
En effet, les Brazzavillois utilisent majoritairement du charbon de bois et du bois de chauffe qui proviennent de ces forêts, plutôt parler de ces bosquets, au vu de ce qui en restent. Jusqu’à 90 kilomètres au Sud et au Nord de Brazzaville, ces forêts galeries sont des aires défigurées. Car il y est rare de voir un arbre sauvage (non fruitier) dont le tronc atteint un diamètre de 35 centimètres au moins. La cause étant bien évidemment le déboisement intensif par les charbonniers et bucherons habitant les villages alentour qui fournissent aux différents marchés de la ville capitale l’essentiel de ses ressources en énergie domestique pour la cuisine particulièrement au travers du bois et du charbon de chauffe.
Dans les différents coins où l’on vend de la viande grillée, chez les centaines de femmes qui font des beignets de farine ou dans la plupart de restaurants de fortune, les fourneaux sont chauffés au bois ou au charbon. Chacun brûle jusqu’à 2 sacs de charbon ou une demi-dizaine de fagots de bois par jour.
Plus de la moitié des foyers brazzavillois utilisent encore le bois ou le charbon (parfois de façon mixte avec le butane) pour les besoins culinaires. Avec une population estimée à près de 2 millions d’habitants, il va de soi que les forêts et les brousses du Pool subissent une forte pression humaine due à la demande énergétique croissante de Brazzaville. 67,1% des foyers de Brazzaville utilisent le bois et le charbon d’énergie, d’après un rapport publié en octobre 2014 par la Coordination Nationale REDD+.
Dans la plupart des localités sur la route de Kinkala, le bois et le charbon constituent la principale activité des hommes dans cette région où le sol est devenu pauvre pour l’agriculture à cause de ce fléau environnemental.
De Makana à Taba en passant par Madzia, Siassia, Mabaya , Koubola et bien d’autres localités, la coupe du bois est l’activité par excellence. Ainsi, le travail de la terre est relégué au second plan. Il suffit de marcher à travers les champs pour s’apercevoir du nombre impressionnant des points d’émission de fumée, signe de la présence des fours de charbon ou de sillonner les pistes d’un village pour se rendre compte du nombre de fagots de bois exposés dans chaque concession, en attendant le passage des acheteurs grossistes.
En brousse, un paquet de bois est vendu à 150 Francs CFA et un sac de charbon à environ 4000 Francs CFA. Chaque paysan par mois peut produire 100 fagots ou 20 à 50 sacs de charbon d’un poids d’environ 20 kilogrammes.
La crainte des autorités, c’est de voir le Pool devenir un désert, si on ne replante pas les arbres qu’on ne cesse de couper.