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En République Démocratique du Congo, plus de 95% de l’énergie consommée par les ménages proviennent de la biomasse. Ceci a pour conséquences directes l’accroissement de la déforestation et de la dégradation des derniers lambeaux forestiers dans les terroirs villageois, le coût élevé de l’énergie, ainsi que la pollution accrue de l’air intérieur.

Charbonniers du plateau des Batékés en plein travail de  carbonisation améliorée - Photo/SNV

Charbonniers du plateau des Batékés en plein travail de carbonisation améliorée – Photo/SNV

Le côté positif de la filière bois énergie est qu’il contribue à la création d’emploi pour plus de 300 000 personnes, ce qui représente, plus de 20 fois le nombre de personnes travaillant dans le secteur forestier officiel du pays (Source : J.Schure et al. 2011). Le bois énergie permet donc à des milliers des personnes de cuisiner, même si la biomasse transformée est utilisée de manière inefficace.

Le bois énergie n’est donc pas uniquement la source d’énergie des siècles passés, il le restera aussi pour les siècles à venir, par manque d’alternatives  mobilisables rapidement à un coût abordable pour la majorité de la  population. Avec l’accroissement de la population dans les grandes villes comme Kinshasa s’arrime à l’augmentation continue des besoins en bois énergie. Ce  besoin de grande production de bois énergie pose le sacre du prélèvement non durable des ressources forestières. Le secteur bois énergie n’étant pas régulé, d’importantes pertes sont enregistrées par l’Etat congolais, suite aux taxes informelles et occultes coutant moins chères que les permis et les taxes légaux. Cette situation est encore aggravée par le fait que les taxes formelles ne protègent pas de la tracasserie de tout genre, la filière étant prise d’assaut par différentes taxes informelles.

Un projet de production durable du bois énergie

Afin de réguler la filière bois énergie et d’injecter une durabilité dans les démarches, la SNV a développé une approche pour la promotion d’une chaine de valeurs du bois énergie compatible à la REDD+. En conformité avec les orientations nationales de réduction de la pauvreté, l’atteinte des Objectifs du Millénaire du Développement, la Stratégie-cadre Nationale REDD+ de la République Démocratique du Congo ainsi que la stratégie «Energie durable pour tous », la SNV développe depuis 2014, dans le plateau de Bateke, le projet Charbon durable, avec le financement du Ministère des Affaires Etrangères du Royaume des Pays-Bas.

Celui-ci vise le développement, dans les zones productrices de charbon de bois, d’une filière viable sur le plan environnemental et commercial.

Le projet poursuit l’introduction de la durabilité, de la production à la commercialisation du charbon de bois, à travers le développement de trois modules que sont :

– la création d’un standard de charbon durable et l’appui techniques aux charbonniers ;

– la création d’un réseau de distribution et de promotion du charbon durable à Kinshasa ;

– la contribution à la formalisation, à la régulation du secteur bois énergie et à la création d’un cadre habilitant.

Les interventions du projet

L’expérience de la SNV au Plateau des Bateke, situé dans la périphérie rurale de la ville de Kinshasa, consistait à réduire la déforestation et la dégradation, tout en améliorant le revenu et les conditions de vie des populations rurales, à travers le développement d’une filière de charbon durable. Le projet a 3 objectifs principaux :

  1. améliorer l’efficacité de la production de bois énergie dans les villages cibles et réduire son impact sur la déforestation par un renforcement de capacités techniques et administratives, et la mise en place d’outils de suivi ;
  2. développer un réseau de transport du bois énergie ainsi produit pour faciliter la distribution et la commercialisation de ce produit;
  3. contribuer à la formalisation du secteur bois énergie dans la Province Kinshasa par la création d’un standard de charbon durable et le soutien au développement de mesures fiscales encourageant les pratiques durables et décourageant celles dommageables pour l’environnement.

Les résultats du projet

  • La création de 10 coopératives officiellement reconnues de producteurs de charbon dans les villages dont Impuru, Mutiene, Duale Bolingo, Impo, Yolo, Inziolo, Mampu, Mfumu Nketo.
  • Le renforcement des capacités de 350 producteurs de charbon sur l’ensemble de 10 coopératives, sur le plan technique et organisationnel, et vulgarisation dans les villages des techniques de carbonisation améliorées.
  • Six coopératives disposent des Plan Simples de Gestion de la ressource en bois énergie et appliquent des assiettes annuelles de coupe par membre de la coopérative.
  • Le charbon durable est lancé sur le marché avec des emballages appropriés (forte demande).
  • Les transporteurs de charbon durable sont structurés.
  • Le texte de lois fixant les taux et les modalités de perception des taxes relatives à l’exploitation et à la commercialisation du bois de feu et de carbonisation est adopté avec la participation des charbonniers

A la lecture des interventions du projet Charbon durable mis en œuvre par la SNV et ses partenaires sur  le Plateau des Batéké, quelques enseignements méritent d’être soulignés. Le bois énergie permet à la population de Kinshasa de cuisiner et cette situation va continuer ; la filière bois-énergie est un vecteur de création d’emploi et de générateur de revenu en particulier dans les zones rurales. La filière bois énergie, telle qu’elle fonctionne actuellement, est à l’origine des nombreux problèmes dont la déforestation, la pauvreté des acteurs et les faibles revenus pour l’État en termes de perception des taxes.

Cependant, l’utilisation du bois énergie continuera à jouer un rôle important dans l’avenir et des solutions existent pour transformer les filières bois énergies en des filières durables qui contribuent à la reforestation du pays, au développement socio-économique des communautés rurales et au bien-être des utilisateurs. Ces solutions sont maintenant mures et peuvent et doivent être mise à l’échelle.

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