Dans la sous-région des Grand-lacs africains, les pays se partagent non seulement les simples frontières mais aussi et surtout des ressources naturelles. Et curieusement, la gestion de ces ressources transfrontalières est souvent à la base d’antagonismes entre les communautés des pays voisins.
Heureusement, au milieu de ce désastre brillent encore quelques lucioles d’espoir et c’est le cas entre la RD Congo et l’Ouganda, où l’équivoque est en train d’être progressivement levée. Récemment, les représentants ou leaders des communautés locales et les experts des deux pays voisins ont tracé un canevas de travail visant la démarcation conjointe des limites et la fixation des bornes frontalières dans le secteur Sarambwe, une réserve naturelle.
En effet, la réserve de Sarambwe logeant quelques individus de gorilles et bien d’autres espèces animales et forestières, est située à cheval sur le parc des Virunga et la forêt impénétrable de Bwindi à la limite entre la République Démocratique du Congo et l’Ouganda. Inconnu presque du grand public, le secteur Sarambwe était soumis à une forte pression humaine et cela depuis plusieurs années, selon l’organisation CEPED (Centre d’Étude pour la Protection de l’Environnement et le Développement) qui y avait mené une enquête en 2017.
Selon les informations en notre possession, les activités humaines étaient intensifiées dans le secteur Sarambwe, à la lumière de la coupe de bois pour le sciage des planches, l’agriculture et le braconnage…et en tout cas, les communautés riveraines de Sarambwe vivant du côté de la RDCongo accusaient toujours des citoyens ougandais, leurs voisins selon que « la menace est imminente pour les gorilles, ils sont pourchassés par des ougandais qui veulent à tout prix les saisir et les conserver dans leur pays…voilà pourquoi ils s’envahissent le terrain » avait prévenu un citoyen congolais, pisteur travaillant dans la réserve de Sarambwe depuis près de 15ans.
Certes, plusieurs paysans mais aussi des notables vivant du coté congolais reconnaissaient que le secteur Sarambwe était bien dévasté par des sujets ougandais. C’est ainsi qu’actuellement, la démarche entreprise concernant notamment la démarcation participative des limites et la fixation des bornes frontalières entre la RDCongo et l’Ouganda, leur est favorable.
Une perspective agréable
« C’est une bonne vision et c’est pour nous grande joie, désormais, les suspicions vont finir et nous allons bientôt gérer durablement nos ressources », apprécie monsieur Bosco Ntabagera, un notable congolais ayant pris part aux assises du 28 mars 2019 en Ouganda. Autour d’une table, lors de ces assises ténues à Buhoma dans le district de Kanungu, les experts des secrétariats permanents des frontières de deux pays, les représentants des communautés riveraines des parties congolaise et ougandaise ainsi que les délégués des deux pays ont convenu d’assurer la gestion durable des ressources naturelles entre la RDCongo et l’Ouganda en commençant par la démarcation des limites: « la démarche s’est imposée pour restaurer la confiance entre les deux peuples voisins et mêmement résoudre le problème de conservation des ressources transfrontalières », a fait savoir le journaliste Tuver Wundi, ayant assisté à la réunion.
Joint par InfoCongo, ce journaliste écologiste a également révélé que les communautés locales de la RDCongo et de l’Ouganda situées de part et d’autre du secteur Sarambwe seront sensibilisées parce qu’elles prendront également part aux travaux de la démarcation des limites et la fixation des bornes frontalières: « un canevas de travail a été mis sur pied pour bien suivre l’évolution du processus de démarcation des frontières tel que tracées à l’époque coloniale…l’objectif est d’apporter solution définitive aux conflits d’envahissement ou de débordement des frontières »
Du côté ougandais, la sensibilisation des populations riveraines a déjà commencé, tandis que du côté Congolais, l’organisation locale VONA (voix pour la nature) dit réunir déjà les leaders locaux pour la même cause: « nous avons été obligés de rechercher les plus anciens leaders encore vivant, eux savent bien les limites fixées par les colonialistes et ils pourront nous aider dans le repérage » indique monsieur Claude Sikubwa, coordonateur des activités.
Par ailleurs, le secrétaire exécutif de la collaboration transfrontalière Dr Andrew a affirmé, au cours de son allocution le 28 mars 2019, que la quiétude des populations riveraines de la zone demeure l’une des priorités de l’action de son organisation GVTC (collaboration transfrontalière dans le massif du grand Virunga), ayant facilitée cette rencontre.
Évoquant les prescrits de l’accord de Ngurdoto signé en 2015 et qui institue la commission technique mixte conjointe relative aux frontières entre la RDCongo et l’Ouganda, les experts Congolais Nguya Ndila et Ougandais Ebunyu Wilson devraient du coup effectuer une mission de reconnaissance sur terrain afin de localiser déjà les points les plus chauds actuellement sujet à la pression d’envahissement ou mieux de débordement des frontières par les habitants de deux pays.
Appuyé par le représentant spécial du secrétaire général des Nations-Unies dans les Grand-lacs sous la facilitation de la GVTC, la rencontre du 28 mars dernier a permis d’avancer dans la démarche de placer des bornes frontalières entre la RD Congo et l’Ouganda pour assurer la gestion durable des ressources transfrontalières.
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