RDC : hommes et hippopotames se disputent le littoral du lac Tanganyika

Sorry, this entry is only available in Français. 5 personnes tuées par les hippopotames depuis le début de l’année 2016, plus de 80 champs sur le littorale du lac Tanganyika dévastés et des matériels des certaines équipes de pêche détruits, tels sont les dommages causés par les hippopotames en divagation, sans parc ou de réserve […]

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5 personnes tuées par les hippopotames depuis le début de l’année 2016, plus de 80 champs sur le littorale du lac Tanganyika dévastés et des matériels des certaines équipes de pêche détruits, tels sont les dommages causés par les hippopotames en divagation, sans parc ou de réserve approprié.

Hippopotames sur le Lac Tanganyika

Hippopotames sur le Lac Tanganyika

Des dommages non négligeables qui interpellent

« Nous n’avons plus l’espoir de récolter nos cultures maraichères (haricots, amarante, maïs, patate douce et autres légumineuse) à cause de ces hippopotames. Chaque nuit, ils quittent le lac pour ravager nos cultures. Ces animaux aquatiques broutent et piétinent même les restes », témoigne Madame Amunazo Kojolo, 45 ans, qui regrette le fonds investi dans son champs des amarantes de 14 m sur 7 à Kilomoni, un quartier de la cité d’Uvira, dans la province du Sud-Kivu, à l’est de la RDC.

Les apparitions de ces animaux étonnent certains habitants d’Uvira qui affirment ne pas comprendre la résurrection de ces animaux aquatiques. Pour Bashwira Mutoni, riverain du lac Tanganyika : « Il y a deux ans, nous récoltions sans problème. Mais depuis l’apparition de ces animaux aquatiques dans notre milieu, notre travail de champs devient nul à cause de leur présence ». Cette situation engendre déjà une immense anxiété dans le chef de certains habitants d’Uvira qui ont l’habitude de se baigner, de lessiver et puiser de l’eau pour usage domestique dans ce prestigieux lac. Ces pachydermes n’épargnent rien sur leur passage et, le comble est le fait qu’ils attaquent à toute heure de la journée, que ce soit le jour ou pendant la nuit.

Un danger pour les hommes

Ces menaces des hippopotames sont aussi rapportées dans d’autres secteurs. C’est le cas de la pêche où 5 pêcheurs ont déjà perdu la vie entre janvier et mai 2016. Selon le président de la fédération des pécheurs et fournisseurs des poissons du Lac Tanganyika, Mussa Nyangala, ses camarades font l’objet d’attaques physiques des hippopotames. Cinq de leurs camarades et un homme en pleine baignade dans le lac sont morts happés par ces pachydermes; leurs embarcations et intrants de pêches saccagés par la même occasion depuis le début de l’année, indique t-il.

Ces hippopotames se cachent dans des roseaux ou dans des champs qui poussent et lorsqu’une personne accède à ces endroits, elle est directement pourchassée par ces animaux et parfois même dans des avenues, explique le chef de l’Avenue 4 janvier au quartier Mulongwe en plein centre ville d’Uvira.

Un hippopotames poursuit un homme à Uvira

Un hippopotames poursuit un homme à Uvira

Les hippopotames à la reconquête de leur habitation naturelle

Certains spécialistes et défenseurs des droits des animaux considèrent que les hippopotames sont aussi victimes de plusieurs maux causés par l’activité humaine dans son environnement. C’est ce que pense le président de l’ONG Action Sociale pour la Promotion Agricole et Défense des Animaux (ASPADA)Elisée KITABWIRA. « La population d’Uvira ne devrait pas se plaindre et parler de menaces d’hippopotames sur les humains. Plutôt, ce sont les hommes qui menacent ces animaux en établissant, sur les rives du lac Tanganyika, leurs champs et maisons d’habitation qui conduit à la destruction et perturbation de l’environnement de ces animaux», explique-t-il.

« La plainte des pêcheurs n’a aucune raison d’être. L’hippopotame n’a jamais été un animal agressif d’autant qu’il est herbivore et réside dans l’eau. Les pêcheurs et d’autres victimes ignorent souvent les sites où vivent les hippopotames et vont y pêcher à cause de l’abondance de poissons en ces endroits qui se nourrissent des excréments de ces mammifères», ajoute-t-il.

Pour la cellule de conservation de la nature de l’inspection de l’environnement d’Uvira, les habitants envahissent le milieu naturel de ces animaux sauvages en cultivant aux abords du lac Tanganyika et en y construisant des maisons. Selon Jimmy SHEKAOGO, chef de cette cellule, il y plus de dix ans, il était difficile de voir des hippopotames dans le lac Tanganyika comme c’est le cas aujourd’hui. C’est depuis deux ans que ces pachydermes sont revenus à Uvira et se multiplient déjà, malgré que leur nombre reste encore inconnu. Ces animaux ont vu leur nombre augmenté après qu’une vague d’autres hippopotames s’est ajoutée en provenance du Burundi. Ces derniers fuyaient leurs abattage par les forces de sécurité de ce pays».

De l’autre coté au Burundi, de Gatumba à Kajaga, à la frontière avec la RDC à environ 15 km de la cité d’Uvira, un militaire de l’armée Burundaise ayant requit l’anonymat nous fait savoir que la population des Imvubu (NDLR : hippopotame en français) s’accroit déjà et ils commencent à vagabonder de partout. Cette source nous révèle qu’un officier de l’armée burundaise avait été tué par un hippopotame il y a plus d’une année, chose qui a suscité une animosité des forces de l’ordre vis-à-vis de ces animaux aquatiques.

Des pistes de solution difficile à observer

Que faire lorsque la ville d’Uvira ne dispose pas de parc où de réserve à hippopotame pour justifier la sédentarisation de ses pachydermes? Pour Rostand MANA, chef de programme chargé de la démocratie et bonne gouvernance à la nouvelle société civile congolaise à Uvira, « l’État congolais, à travers le Ministère de l’environnement et de la conservation de la nature et d’autres services techniques, doivent prendre des mesures nécessaires pour protéger ses citoyens et ces animaux».

Pêcheurs artisanaux sur le lac Tanganyika

Pêcheurs artisanaux sur le lac Tanganyika

Après les obsèques de l’un de leurs, les pécheurs d’Uvira, proposent, dans une correspondance en février dernier, que l’État procède au refoulement de ces animaux ou les amener à un lieu considérer comme site à hippopotame. « Ceci est important, soutient le président fédéral des pêcheurs d’Uvira, Mussa Nyangala,  pour permettre au service de l’environnement de connaitre le nombre de ces animaux et savoir aussi comment ils se multiplient dans la zone en vue de limiter leurs divagations et épargner les pêcheurs et d’autres citoyens de leurs attaques».

Cependant, le président de l’ASPADA préconise que les pêcheurs identifient tous les sites où se trouvent les hippopotames et qu’ils cessent d’y exercer leurs activités de pêche. Ce défenseur de droits des animaux appelle donc le service d’environnement à mettre des panneaux de signalisations sur les sites où se trouvent des hippopotames pour aider les habitants à éviter ces endroits lorsqu’ils fréquentent le lac et promet d’attaquer en justice les individus qui tenteront de tuer des petits hippopotamaux, comme cela a été rapporté en mars dernier au quartier Kimanga.

La position du responsable de la cellule de l’environnement est très ferme, pour Jimmy Shekaogo, sans considérer les dégâts ni les morts d’hommes que font déjà ces animaux à Uvira, il préconise la délocalisation de toutes les maisons d’habitation et des champs retrouvé à moins de 50 mètres des rives du Lac Tanganyika. « Il informe que son service fait régulièrement rapport à la hiérarchie dans la province et propose que le conservateur des titres immobiliers appuie cette initiative en indiquant explicitement qu’aucune maison construite en ces endroits n’a de titre de émanant de son service».

Le conservateur des titres immobiliers, Bernardin Djumapili, quant à lui, accuse plutôt les chefs des quartiers et d’avenues d’autoriser ces constructions qu’il qualifie d’anarchique. Chose rejetée par ces derniers accusant à leur tour les services de cadastre et de titres immobiliers la responsabilité de ces constructions autour de l’habitat des hippopotames.

Vue du lac Tanganyika

Vue du lac Tanganyika

Pour l’heure, les hommes et les habitants se disputent des lieux d’habitation et l’État congolais devrait s’organisait pour imposer une solution pour, à la fois, assurer le bien-être de la population environnante et des hippopotames qui sont classés comme espèce protégée dans le pays.

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