Selon un rapport rendu public mardi par Amnesty International et Afrewatch, des enfants travaillent dans des “conditions périlleuses”, aux côtés des adultes, pour l’extraction du cobalt dans le sud de la RDC. Les multinationales fermeraient les yeux sur cette situation dramatique. Faux, rétorque Kinshasa qui se dit “victime d’une guerre commerciale”.
Savez-vous d’où vient le cobalt qui rentre notamment dans la fabrication de votre smartphone ou de votre voiture électrique ? Un rapport publié, le 19 janvier, par Amnesty International et Afrewatch « retrace le parcours de ce minerai utilisé dans les batteries lithium-ion, depuis les mines où des enfants, parfois âgés de sept ans seulement, et des adultes travaillent dans des conditions périlleuses ».
Dans ce document de 88 pages, les deux ONG pointent du doigt 16 multinationales – Ahong, Apple, BYD, Daimler, Dell, HP, Huawei, Inventec, Lenovo, LG, Microsoft, Samsung, Sony, Vodafone, Volkswagen et ZTE – qui ne sont pas en mesure aujourd’hui, selon elles, de s’assurer que le cobalt extrait par des enfants, notamment ceux qui travaillent dans les mines situées dans le sud de la RDC, n’est pas utilisé dans la fabrication de leurs produits tels que les téléphones intelligents et les voitures électriques.
« Elles ne se renseignent pas sur leurs fournisseurs », déplore Mark Dummett, spécialiste de la responsabilité des entreprises en matière de droits humains à Amnesty International.
40 000 enfants « creuseurs » en quête de minerais, selon l’Unicef
Dans les mines de l’ex-Katanga, dans la partie la plus méridionale de la RDC, en effet, l’on compte environ 40 000 enfants « creuseurs » en quête de minerais, selon un rapport de l’Unicef publié en 2014.
Aux enquêteurs d’Amnesty et d’Afrewatch, « des enfants [congolais] ont raconté qu’ils travaillent jusqu’à 12 heures par jour dans les mines, transportant de lourdes charges, pour gagner entre un et deux dollars par jour, dont beaucoup dans des mines de cobalt ».
Le rôle central de la société chinoise Congo Dongfang Mining (CDM)
Le cobalt ainsi extrait est ensuite acheté par les négociants qui le vendent à la Congo Dongfang Mining (CDM), filiale détenue à 100 % par le géant chinois de l’exploitation minière Zhejiang Huayou Cobalt Ltd (Huayou Cobalt), selon le rapport.
Le même document explique que HuayouCobalt et sa filiale CDM traitent le cobalt avant de le vendre à trois fabricants de composants de batteries en Chine et en Corée du Sud. À leur tour, ceux-ci vendent leurs composants à des fabricants de batteries qui affirment fournir des entreprises du secteur de la technologie et de l’automobile, notamment Apple, Microsoft, Samsung, Sony, Daimler et Volkswagen.
La réaction « surprise » du gouvernement de la RDC
Contacté par Jeune Afrique, Lambert Mende, porte-parole du gouvernement congolais, s’est dit « surpris » par le contenu du rapport d’Amnesty International et Afrewatch. « D’autant que depuis plus de trois ans, la RDC a pris des dispositions pour organiser les exploitants artisanaux en coopératives minières pour mettre fin au travail des enfants dans les mines », rappelle le ministre.
À en croire un rapport du projet d’appui au secteur minier en RDC (Promines), financé par la Banque mondiale et le Département du développement international (DFIF) du gouvernement britannique, le pays comptait déjà jusqu’à 119 coopératives minières en 2014, « réparties dans le territoire national, avec une majorité concentrée dans les provinces de [l’ex]-Katanga (59) et du Sud-Kivu (27) ».
Pour Lambert Mende, « beaucoup de concurrents ne voient pas d’un bon œil que la RDC ait recouvré sa place de premier producteur du cobalt dans le monde et cherchent par tous les moyens à dissuader les entreprises d’acheter le minerai congolais ».
« La RDC est donc victime d’une guerre commerciale », ajoute le porte-parole du gouvernement congolais, qui souligne que « la majeure partie de la production du cobalt dans le sud du pays est industrielle, et non artisanale. »
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