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Dans la ville de Butembo, située à plus de 300 km au Nord de Goma dans la province du Nord-Kivu, les toits des maisons scintillent au soleil, renvoyant une lumière qui éblouit la vue. Ce sont les panneaux solaires, qui depuis peu, fournissent les habitations en électricité, raclant ainsi le marché aux groupes électrogènes qui polluaient la ville en bruit et en gaz carbonique.

Depuis quelques temps, plusieurs ménages ont opté pour cette nouvelle source d’énergie pour alimenter leurs maisons en courant électrique. «Nous jouissons désormais d’une autonomie d’énergie, et elle est disponible en tout temps pour éclairer nos maisons et alimenter nos appareils électroniques comme les postes radio et téléviseur», se réjouit Kambale Makofi, habitant de la cellule Ngule, un quartier de la ville, qui utilise cette énergie renouvelable depuis juillet 2014.

Selon les statistiques du Service urbain de l’énergie, plus de 90 % des habitants de Butembo ont migré vers l’énergie solaire pour subvenir à leurs différents besoins en énergie électrique. Dans un  cadre commercial, ce sont les supermarchés et les chambres froides qui recourent le plus au solaire en l’absence du courant électrique.

Un groupe électrogène dans un quartier de la ville

Un groupe électrogène dans un quartier de la ville

Il y a deux ans, avoir de l’électricité en temps réel à Butembo était un casse-tête, surtout qu’il n’y a aucun réseau public de distribution du courant électrique dans la ville. La Société Nationale d’Electricité (SNEL), principal fournisseur d’énergie électrique du pays est absente de la région. Pour avoir de l’électricité, rien que pour les heures de nuit, les habitants des nombreux quartiers s’organisaient en comités pour se doter des groupes électrogènes de près de 2O kilowatts, moyennant huit cents dollars américains, capables  d’alimenter 60 ménages.

«Pour en profiter, chaque ménage abonné déboursait environ 12 dollars américains chaque mois, ce qui nous permettait de se doter de 15 litres de carburants pour servir du courant pendant 4 heures seulement le jour, généralement entre 18 et 22 heures», se rappelle Steve Kagheni, ancien président de l’association des consommateurs de l’électricité du quartier Mondo.

Bien entendu, l’utilisation du groupe électrogène a plusieurs désavantages, tels que la fissuration des murs des immeubles érigés à proximité des groupes électrogènes, la stérilité du sol sur lequel ils étaient jadis installés, la pollution sonore ainsi que les maladies pulmonaires vu la toxicité de la fumée qu’ils dégagent. Face à cette situation, les habitants ont dû trouver une solution durable et efficace.

Une aubaine pour les commerçants

Depuis qu’elle s’est dotée d’un système d’alimentation en énergie solaire, Mme Mélanie Kahambu, une commerçante de la ville, n’a plus aucun souci en matière d’électricité dans son supermarché situé au centre-ville. Vendant des biens de consommation tels que les poulets et poissons à conserver au frais, elle en a fini avec le « Kigroupé », l’appellation commune donné au fait d’être raccordé à un groupe électrogène. « Même mon réfrigérateur ne connaît plus de pannes depuis que j’ai acquis ce panneau solaire », confie-t-elle.

Une boutique vendant des kits des panneaux solaires

Une boutique vendant des kits des panneaux solaires

Pour Anicet Kahanya, propriétaire d’une boutique de vente de matériels électroniques située dans l’un des complexes commerciaux de Butembo, la marchandise la plus vendue est le panneau solaire et ses accessoires, tout en gardant secret le montant que cela représentait dans son chiffre d’affaire.

Pour le maire de la ville, M. Sikul’uvasaka Makala, il faut saluer l’entreprenariat des opérateurs économiques locaux qui ont pu importer des panneaux solaires de la Chine à un faible coût. « Le panneau solaire est accessible jusqu’aux petites bourses. Ce qui est une source de fierté en attendant  que le programme du gouvernement de doter Butembo du courant électrique ne se matérialise. Nous avons un projet d’électrifier les artères principales de la ville par l’énergie solaire afin de lutter contre l’insécurité », révèle  enfin le maire de Butembo, tout en se félicitant pour les quelques kilomètres déjà électrifiés en énergie solaire par le gouvernement provincial.

Selon John Cipendanda, ingénieur en électronique, « les habitants de Butembo doivent investir environ 1 200 dollars américains dans l’achat des matériels exigés pour installer le système de fourniture de l’électricité par l’énergie solaire (batterie, régulateur, convertisseur et fils conducteurs), les frais de maintenance inclus, pourvu qu’ils aient de l’électricité en permanence».

Dans les  domiciles, l’énergie solaire est utilisée pour l’éclairage et l’alimentation des appareils électroménagers (écrans téléviseurs, fer à repasser, etc.). « J’ai dû dépenser environs 400 dollars pour l’acquisition et l’installation de mon kit solaire », nous a informé Néhémie Wanzire. Pour lui, depuis six mois, le montant qui était affecté aux cotisations mensuelles du groupe électrogène de son quartier est désormais canalisé vers la scolarisation de ses enfants.

Kit des panneaux solaires sur un toit de maison

Kit des panneaux solaires sur un toit de maison

 

Le solaire au bénéfice de l’environnement

L’autonomie et la permanence de l’énergie ne sont pas les seuls avantages qu’offrent les panneaux solaires. Ils ont aussi permis de mettre fin aux pollutions de  l’air par les fumées produites et causées par l’utilisation des groupes électrogènes.

Ce progrès réjouit les environnementalistes qui ont souvent dénoncé la pollution de l’air dans la ville lors de l’utilisation des combustibles fossiles (essence, mazout ou gasoil, etc.) par des groupes électrogènes.

La ville de Butembo fait face à une perturbation saisonnière de par l’absence des pluies en période indiquée. « Ce qui a des incidences négatives sur l’agriculture urbaine », se plaint l’Ingénieur Kaghoma du Consortium des agriculteurs urbains de Butembo. « Nous devons nous approprier du système solaire et abandonner les groupes électrogènes qui n’utilisent que des combustibles fossiles», conseille Kambale Bahati Savavi, activiste de l’environnement à l’ONG Restauration de l’environnement au Congo (REC).

Pour Patient Mapendo, enseignant au département de l’environnement à l’Institut Supérieur Emmanuel d’Alzon de Butembo, « l’énergie produite par le photovoltaïque n’émet pas de pollution lors de la transformation de l’énergie solaire en énergie électrique. Même si la fabrication, le transport, l’installation et le recyclage des panneaux photovoltaïques ont un effetbsur l’environnement, l’impact de la chaîne d’approvisionnement reste extrêmement réduit », ajoute-t-il.

Alexandre Kitsa, chef de service urbain de l’énergie et ressources hydrauliques pense que le secteur de l’énergie solaire est prometteur pour les acteurs qui souhaitent bien y investir. «Butembo a actuellement environ un million d’habitants. Si quelqu’un investit ses fonds dans le panneau solaire pour doter Butembo d’une électricité permanente, il gagnera, et, au même moment, contribuera au maintien de l’équilibre climatique mondial. Car on ne fera plus recours aux technologies polluantes», indique-t-il.

Le marché du panneau solaire est prometteur à Butembo vu les multiples avantages qu’il procure pour les vendeurs comme pour acheteurs, et par extension, de la société toute entière.

Les groupes électrogènes ont tendance à disparaître dans de nombreux quartiers face au succès des panneaux solaires dans la ville de Butembo car leurs anciens utilisateurs, la population de Butembo, a découvert les merveilles des modules solaires. Voici donc une solution durable de fourniture d’énergie propre et durable à disséminer dans les cités périphériques de la ville.

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