RD Congo-Paysage Virunga : Bilan mitigé de conservation en 2018

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Des attaques armées à la suspension du tourisme, en passant par l’envahissement, la pêche illicite et le projet pétrole, l’année 2018 n’aura pas été rose pour le paysage Virunga dans l’Est de la République démocratique du Congo. Les organisations membres de la société civile environnementale dressent un bilan largement défavorable dans la conservation au niveau du parc national des Virunga.

Vue panoramique du parc national des Virunga, au niveau des escarpements de Kabasha. Photo/InfoCongo

Plus ancien d’Afrique, le parc des Virunga a fait tristement les gros titres de l’actualité congolaise en 2018. Pris d’assaut par des populations riveraines qui se disent oubliées par les gestionnaires, ce véritable joyau naturel est également exploité par des groupes armés sévissant dans cette partie du pays. Les groupes armés les plus virulents sont les Mai-Mai dans le secteur centre, les ADF dans le secteur Nord et les FDLR dans le secteur Sud du PNVi…ils y exercent la pêche illicite, le braconnage des grands mammifères, l’abattage des arbres mais ils s’en prennent également aux habitants et très souvent aux éco-gardes du parc des Virunga.

En 2018, au moins 9 éco-gardes ont été tués pendant l’exercice de leur métier, la protection du parc national des Virunga. Et tout est arrivé lors de différentes attaques contre leurs positions ou convois dans le parc, respectivement en février, en avril, en mai et novembre.

« 2018 a été une année extrêmement difficile pour nous…nos collègues ayant payés le prix ultime de leurs efforts pour protéger le parc. C’est avec une profonde tristesse que nous avons enterré neuf(9) de nos collègues rangers tués cette année en protégeant le parc des Virunga » peut-on ainsi lire dans la note personnelle du conservateur Emmanuel de Merode, directeur du parc national des Virunga.

L’attaque du 11 mai, lors de laquelle l’une des femmes gardes du parc des Virunga a été tuée et deux touristes britanniques qu’elle accompagnait pris en otages dans la région de Kibumba a aussitôt conduit à la suspension momentanée des activités touristiques dans le parc des Virunga. Pour monsieur Joël Wengamulayi, directeur de l’information à l’ICCN cité par radio Okapi, il était question de mettre à profit cette période de trêve pour enquêter sur les incidents et réfléchir sur les mesures préventives.

Curieusement, le 28 novembre 2018, un autre garde parc a été tué dans l’enclave de pêche de Visthumbi, secteur centre du parc national des Virunga. Pour cette fois, tout était parti d’une confrontation entre les populations riveraines et les agents de l’institut congolais de conservation de la nature ICCN. « Nous étions en colère, les gardes parc ont refusé l’entrée des matériels de construction dans notre village et en manifestant notre mécontentement, ils ont voulu nous arrêter…c’est ainsi que nous nous étions pris en charge » avoue l’un des jeunes de Vitshumbi, tout en exigeant l’anonymat.

Des contentieux entre les riveraines et les gestionnaires du PNVi

Dans le paysage Virunga, les tensions ne sont pas une nouveauté. En effet, depuis plus d’une vingtaine d’années, l’institut congolais de conservation de la nature (ICCN) entretient des relations souvent tendues avec les communautés riveraines du parc national des Virunga (PNVi) qui, généralement dénoncent ce qu’elles qualifient de conservation policière, l’arrogance des éco-gardes et le mésestime des intérêts des populations locales.

Des pirogues en encrage sur le lac et d’autres stationnées à la plage de Vitshumbi Photo/InfoCongo

« Les gestionnaires du parc ne tiennent pas compte de nos intérêts, nous les riverains…pourtant, nos aïeux ont offert leurs terres pour créer ce parc des Virunga mais depuis, les promesses de développement qu’on leur avait faites n’ont pas été honorées » explique Honoré, habitant de Kibirizi. Ce paysan et père de famille demande sans cesse : « où sont les écoles, les hôpitaux, les routes…et maintenant l’ICCN veut nous imposer des novelles limites entre la chefferie et le parc pour fixer la clôture électrique, est-ce concevable ? » interroge-t-il.

Souvent au cœur des altercations, il y’ a donc les limites du parc des Virunga, jugées excessives par les communautés riveraines qui estiment que la superficie du parc est beaucoup plus importante que celle destinée aux terres arables: « les gardes parc nous tuent en disant que nous sommes des miliciens…nous devons revoir les limites de ce parc, les animaux ou les arbres n’ont pas plus de valeur que nous » s’insurge un habitant de Kanyabayonga, agglomération limitrophe du parc.

Un point de vue partagé par la majorité des riverains, ignorant souvent la valeur du parc des Virunga comme patrimoine mondial protégé. Se disant oubliés par les gestionnaires, ces habitants se sont eux-mêmes décidés de se servir des ressources du parc des Virunga et cela avec la bénédiction des groupes armés.

La synergie des écologistes pour la paix et le développement (SEPD en sigle) a avec beaucoup de regrets, dresser un bilan largement négatif dans la conservation au parc des Virunga durant l’année 2018. A part l’insécurité grandissante sur le plan sécuritaire, la SEPD a mentionnée la faible appuie politique en faveur de la gouvernance et l’administration du PNVi mais également la réactivation du projet pétrole par le gouvernement congolais qui, ouvrirait des négociations d’affaires avec des nouvelles entreprises pour l’exploitation du pétrole: « ça constitue toujours une menace au parc des Virunga » peut-on lire dans un communiqué de presse publié en janvier 2019.

Et finalement, dans sa note personnelle, le conservateur Emmanuel de Merode reconnaît que le parc des Virunga a été confronté à beaucoup de difficultés durant l’année 2018 : « nous avons été obligé de prendre ne décision extrêmement difficile en fermant le parc au tourisme après un grave incident sécuritaire » a-t-il avoué, affirmant tout de même qu’il y’a eu des avancées pour la sauvegarde du parc national des Virunga et surtout dans le secteur du développement durable

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