Pêche : Les étangs piscicoles remplacent le lac Edouard menacé

Sorry, this entry is only available in French. Les habitants du Nord-Kivu, province à l’Est de la République Démocratique du Congo misent aujourd’hui sur les étangs piscicoles, à défaut du lac Edouard dont le stock halieutique a sensiblement diminué à cause de la pêche illicite et du braconnage. Ces pratiques sont surtout favorisées  par l’activisme des groupes […]

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Les habitants du Nord-Kivu, province à l’Est de la République Démocratique du Congo misent aujourd’hui sur les étangs piscicoles, à défaut du lac Edouard dont le stock halieutique a sensiblement diminué à cause de la pêche illicite et du braconnage. Ces pratiques sont surtout favorisées  par l’activisme des groupes armés dans cette région. Progressivement, la pisciculture se développe et la production permet d’assurer une alimentation régulière et bon marché à la population.

Vue de la côte Ouest du lac Edouard au Nord-Kivu, RD Congo

Vue de la côte Ouest du lac Edouard au Nord-Kivu, RD Congo

Couvrant une partie de la RDC et de l’Ouganda au sein du bassin du Nil, le lac Edouard fait partie intégrante du parc national des Virunga. Il se trouve dans la province du Nord-Kivu où sévissent plusieurs milices et groupes armés. L’activisme de ces groupes armés s’accentue surtout à la surface des eaux du lac Edouard.

Ainsi, les hommes en armes favorisent depuis plusieurs années la pêche illicite et abattent des hippopotames, dont les excréments font la nourriture des poissons. Depuis, le stock en poissons a sensiblement baissé et les risques d’insécurité alimentaire se font durement sentir vu la rareté du poisson dans cette région.

Pourtant selon Jacques Bahitirye, chargé de communication au sein de l’ONG CEPED, le poisson du lac Edouard faisait l’aliment de base pour plus des 300 000 riverains, mais il y a également près de 1.832.493 bénéficiaires indirects dans toute la province du Nord-Kivu et des nombreuses familles d’autres coins de la RDC.

La rareté du poisson dans le lac Edouard a augmenté les risques d’insécurité alimentaire dans la région.

La rareté du poisson dans le lac Edouard a augmenté les risques d’insécurité alimentaire dans la région.

Et pour faire face à cette situation, les habitants ont depuis quelques temps développé la pisciculture, mettant fin à la malnutrition qui progresse dans la région. Aujourd’hui, les étangs piscicoles poussent un peu partout comme des champignons. Certaines produisent déjà et consomment du poisson frais en abondance : « ma famille et moi mangeons du poisson frais désormais quand nous le voulons, plus de problèmes pour assurer la ration quotidienne…», s’exclame avec satisfaction Hadji Moustapha, père de famille entretenant plusieurs étangs piscicoles dans le Rutshuru, un territoire de la province du Nord-Kivu. Il produit entre 4 et 5 tonnes de poissons tous les six mois.

Plusieurs paysans ont aménagé des étangs piscicoles à coté de leurs champs de culture. Nord-Kivu/RD Congo

Plusieurs paysans ont aménagé des étangs piscicoles à coté de leurs champs de culture. Nord-Kivu/RD Congo

En effet, plusieurs paysans ont aménagé des étangs piscicoles à coté de leurs champs de culture. C’est une idée ingénieuse, indique Serge Simboni : « pour nourrir le poisson, il faut des produits de champs tels que des patates douces, des maniocs, des vers de terre…», explique ce jeune pisciculteur et licencié en développement rural. Il affirme que les bons pisciculteurs sont souvent des agriculteurs, car ils ont le temps de trouver des bonnes pitances pour leurs poissons.

C’est ainsi que, des agriculteurs revenant de leurs champs le soir achètent de ces poissons locaux pour bien nourrir leur famille. « C’est du poisson frais et pas très cher…nous le consommons avec du légume à coté, et cela nous facilite la vie », admire Mery Ngambisaho, une femme au foyer estimant que depuis qu’elle en achète, il y a plus de trois mois, ses enfants ont pris du poids.

De la pisciculture pour freiner la malnutrition

Depuis que le lac Edouard ne satisfait plus le besoin alimentaire de la population, la pisciculture n’est plus que cette affaire des simples paysans. Des étudiants, des entrepreneurs et même des députés s’y investissent. « Nous sommes grandi en consommant du poisson et depuis qu’il est devenu rare sur le marché, c’est la malnutrition qui progresse dans la région…il faut donc le concours de tous pour développer cette filière » invoque Joël Kasolene, ressortissant de Vitshumbi, une enclave de pêche du lac Edouard desséchée par le poisson.

À l'instar des paysans, des étudiants, des entrepreneurs et même des députés commencent à s'intéresser à la pisciculture sur le lac Edouard

À l’instar des paysans, des étudiants, des entrepreneurs et même des députés commencent à s’intéresser à la pisciculture sur le lac Edouard

De son coté Kambale Lwalegha, assistant de cours à l’institut supérieur de développement rural Isdr-Kiwanja, reconnait l’importance de cette filière pour l’alimentation locale : « la pisciculture est une solution au problème de malnutrition qui fait rage depuis que les groupes armés ont assiégé le lac Edouard, l’unique qui faisait du poisson…mais tous les pisciculteurs doivent s’associer pour qu’ensemble ils acquièrent des bonnes techniques et méthodes leur permettant d’accroitre la productivité » souligne-t-il, invitant les jeunes gens à quitter les groupes armés pour embrasser la pisciculture et l’agriculture.

Kambale Lwalegha garantit également que la production en poisson frais est régulière tous les six mois : « tout dépend de la taille de l’étang piscicole et surtout de son entretien » explique-t-il, renseignant qu’un étang d’une superficie de 300m3 peut produire jusqu’à 400kg de poissons.

La production en poisson frais est régulière tous les six mois

La production en poisson frais est régulière tous les six mois

Maintenant que l’activité prospère petit à petit et que les pisciculteurs ne ménagent aucun effort pour améliorer les rendements, il y a des difficultés qui subsistent. « Nous avons besoin des alevins de bonne qualité, des étangs piscicoles pilotes destinés à améliorer la production… mais il nous faut aussi du courant et une chambre froide pour conserver les poissons frais », plaide un pisciculteur, concluant qu’il faut fournir du bon poisson au marché local.

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