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Octroyé par la Deutsche Bank, ce prêt de 25 millions de dollars accordé au géant du caoutchouc suscite l’indignation de Greenpeace Afrique.

Dans un communiqué publié le 02 Juillet 2020, la Deutsche Bank indique qu’elle a « accordé une facilité de prêt liée à la durabilité de 25 millions de dollars, d’une durée de trois ans, à Corrie MacColl, une filiale de Halcyon Agri Corporation (“Halcyon”), pour financer les investissements de l’entreprise dans ses plantations de caoutchouc au Cameroun et en Malaisie ». En effet, Corrie MacColl est actif dans le Bassin du Congo, à travers l’entreprise Sud Hévéa Cameroun (SudCam) dont il est l’actionnaire majoritaire.

De nombreux rapports indiquent que le gouvernement Camerounais a octroyé plus de 75 mille hectares de forêt tropicale dense à Sud Hévéa Cameroun, pour la création de ses plantations d’hévéa et de Caoutchouc. L’entreprise se trouve aussi au cœur de scandales mis à nus par la société civile. Selon Greenpeace Afrique, SudCam a « dévasté plus de 10 mille hectares de forêt tropicale dense entre 2011 et 2018, pour installer ses plantations d’hévéa au Cameroun et déplacé plusieurs communautés de peuples autochtones Baka, sans toute forme de consultation préalable ni d’indemnisation ».

Greenpeace Afrique a aussitôt réagi après l’annonce du prêt, en demandant son « annulation immédiate ». Pour Greenpeace, Halcyon Agri ne mérite pas ce prêt. « Greenpeace demande à la Deutsche Bank d’annuler le prêt de 25million de dollars accordé à Halycon agri pour soutenir ses plantations entre autres au Cameroun ; Car SudCam qui l’une des unités de Halcyon agri ne respecte pas les normes de durabilité comme le soutient la banque », déclare Irène Wabiwa Betoko, Responsable de la campagne de Greenpeace pour la forêt du bassin du Congo.

La Deutsche Bank est l’un des signataires des Principes des Nations unies pour une banque responsable qui comprennent entre autres la transparence, la redevabilité et la lutte contre les changements Climatiques. A ce titre, elle s’est engagée à mettre en œuvre des stratégies de financement qui contribuent à la gestion durable des ressources. Se félicitant « d’être les premiers à proposer sur le marché des prêts liés au développement durable comme ceux-ci », la Deutsche Bank présente Halcyon Agri comme une entreprise engagée dans les questions de durabilité en matière de production du Caoutchouc et de transparence.

Controverse

Greenpeace n’est pas de cet avis. « Si l’on doit parler de la production durable, l’on ne peut l’attribuer à SudCam, une entreprise qui a détruit 10 mille hectares de forêt vierge près de la réserve de la Faune de Dja, un patrimoine de l’UNESCO. En outre, la société SudCam ne respecte pas les principes de transparence  en refusant de communiquer sur l’identité de son actionnaire minoritaire détenant 20% des parts de la société. L’on ne peut envisager  que une telle société bénéficie d’un prêt aussi important », martèle Irène Wabiwa.

A en croire la Deutsche Bank, ce prêt permettra à Halcyon Agri de mieux développer ses plantations, mais aussi d’accompagner des communautés forestières. « Le prêt sera utilisé pour l’entretien des plantations d’hévéas de Halcyon tout en promouvant son programme d’aide aux petits exploitants du Cameroun, qui vise à fournir une sécurité alimentaire supplémentaire et à accroître les revenus de 13 000 petits exploitants locaux », précise le communiqué de la Banque Allemande.

Un-campement-de-peuples-autochtones-dans-la-plantation

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Credit Photo: APIFED

Pour l’ONG environnementale, la Deutsche bank devrait plutôt investir directement dans les activités des communautés qui ont depuis longtemps été victimes des actions non durables de SudCam. « Le peule Baka a droit de jouir de sa terre ancestrale. Il a le droit  à accéder à ses forêts  qui représentent toute une vie, toute une tradition pour ce peuple. Au lieu d’investir dans une entreprise qui viole sa propre politique de durabilité, la banque doit reprendre ses millions et les investir dans ce peuple Baka qui ont vu leurs moyens de substance détruites par Sudcam », suggère la responsable campagne de Greenpeace.

Ce n’est pas la première fois que Greenpeace s’oppose au financement des activités de cette agro-industrie. Suite à l’une de ses campagnes, en 2018, le fonds de pension national norvégien a retiré ses financements à Halcyon Agri car « ses plantations d’hévéa vont entrainer d’irréversibles changements sur l’environnement ». Le nouveau financement arrive en pleine crise sanitaire de Coronavirus au moment où des scientifiques pointent un doigt accusateur sur la relation entre l’homme et son environnement.

Avant la crise, l’entreprise avait entamé des actions pour documenter l’impact de ses activités dans les forêts Camerounaises et un programme de négociation avec les peuples autochtones Baka riveraines à ses plantations. Cependant, déplore Greenpeace Afrique, les restrictions de déplacement liées à la pandémie handicapent le monitoring efficace des démarches en cours dans les plantations de monoculture d’hévéa d’Halcyon Agri.

Selon des scientifiques, la déforestation, la dégradation des forêts comme la conversion des terres forestières en terres agricoles entrainent de multiples pressions sur l’environnement et la biodiversité, augmentant ainsi le risque de voir naître des maladies transmissibles de l’animal à l’homme, comme Covid-19. D’après les Nations Unies, ces maladies zoonotiques représentent aujourd’hui 75% de toutes les maladies infectieuses émergentes.

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