Comment renverser la tendance montante de la déforestation et de la dégradation des forêts ainsi que s’assurer de la survie des populations dépendantes des forêts dans le bassin du Congo, deuxième couvert de forêt tropicale dans le monde après l’Amazonie ? Une partie de la réponse consiste à assurer la transparence des politiques forestières dans les pays tributaires de ces forêts.
Pour ce, les acteurs non-étatiques, dont les organisations de la société civile, les populations autochtones et les communautés locales, doivent effectivement s’impliquer dans l’amélioration de la gouvernance forestière et dans la gestion durable des forêts, c’est le défi que se donne le projet Voix des Citoyens pour le Changement, en sigle CV4C, lancé le lundi 26 avril à Kinshasa, en RDC.
Pour y arriver, l’observation indépendante des forêts par les acteurs non-étatiques est l’un des outils de base de la gouvernance forestière et sera utile pour augmenter la crédibilité de la gestion forestière dans les 5 pays du bassin du Congo où se déroule le projet. Aussi, elle sera complémentaire des actions de suivi forestier des autorités étatiques au regard de la loi.
Dans les 5 pays précités, il existe déjà différentes actions d’observation indépendante des forêts effectuées à différents niveaux et par divers acteurs. “Les OSC doivent harmoniser leurs approches de l’observation indépendante des forêts et bénéficier des renforcements de capacités en cette matière, car l’efficacité du monitoring indépendant des forets en dépend”, dit Joseph Bobia, Président du Comité de Pilotage du Groupe de Travail Climat-REDD Rénové et représentant des OSC.
En outre, Les bénéficiaires finaux de CV4C demeurent les 75 millions d’hommes, les femmes et les jeunes qui dépendent des forêts du bassin du Congo pour leur subsistance. Pour Arnold Jacques de Dixmude, Représentant de l’Union Européenne, “l’amélioration de la gouvernance forestière pourrait être un moteur de développement dans la région du bassin du Congo car l’observation indépendante des forêts pourrait contribuer à stopper la déforestation et assurer l’utilisation durable des forêts. ” A l’issue de ce projet, les populations pourront donc améliorer leurs conditions de vie à travers une meilleure gestion des forêts, un souhait d’Ella Haruna, de l’Université de Wolverhampton en Angleterre.
C’est dans cette optique que le ministre congolais de l’Environnement et Développement Durable, Athys Kabongo Kalonji, espère que CV4c permettra de lutter contre la pauvreté des jeunes et des femmes en milieu rural et insiste sur la nécessite d’un engagement résolu de tous les acteurs et bénéficiaires directs pour la réussite du projet.
CV4C est géré par le Centre pour le Développement International et de la Formation (CIDT de l’Université de Wolverhampton en Angleterre). Aussi, il est mis en oeuvre par les organisations de la société civile de 5 pays de la région du bassin du Congo dont le Cameroun, la RCA, la RDC, le Gabon et le Congo.
A l’instar de CIDT en Afrique Centrale et de l’Ouest, les organisations de la société civile et partenaires du projet CV4C ont une expérience préalable dans l’observation indépendante des forets. Ce sont :
- Cameroun : Centre pour l’Environnement et le Développement – CED) et Forêts et Développement Rural (FODER)
- République Centrafricaine : Centre pour l’Information Environnementale et le Développement Durable – CIEDD)
- République du Congo : Cercle d’Appui à la Gestion Durable des Forêts (CAGDF)
- Gabon (Brainforest)
- République Démocratique du Congo (Observatoire de la Gouvernance Forestière – OGF).
En outre, le Field Legality Advisory Group (FLAG) travaillera à l’échelle régionale avec tous les partenaires pour fournir une assistance technique et un renforcement des capacités.
D’un autre côté, le World Resources Institute (WRI) travaillera avec des partenaires nationaux pour compiler, analyser et publier toutes les observations et rapports d’observation indépendante à travers sa plateforme Global Forest Watch et le portail Open Timber, afin d’atteindre les entreprises du secteur privé pour la diligence adéquate et les autorités compétentes en Europe chargées de la mise en œuvre de la réglementation européenne sur le bois. Ce projet bénéficie également du soutien financier des gouvernements américain, britannique et norvégien par l’intermédiaire de l’USAID, du DFID et du NCFI.
Durant sa présentation, le chef de projet CV4C, Dr. Aurelian Mbzibain de CIDT, a insisté sur le fait que le renforcement des capacités des acteurs non étatiques est un préalable pour le suivi de la gouvernance forestière dans les pays du bassin du Congo. Ils pourront donc recueillir et répercuter les informations qui serviront à l’avancement des processus tels que le FLEGT ou le REDD et contribueront à l’Application des lois.
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