Pendant que les autorités centrafricaines et la communauté internationale sont concentrées sur la restauration de la sécurité et le retour à l’ordre constitutionnel, la population centrafricaine fait face au problème de sécurité alimentaire.
L’Etat centrafricain qui dépend des subsides de la communauté internationale n’arrive pas à garantir à sa population, un accès qualitatif et quantitatif aux aliments de base. En plus de l’insécurité qui réduit les marges de manœuvre des populations, s’y ajoutent les perturbations climatiques. Conséquences, la baisse de la production agricole ainsi que des récoltes, les aliments deviennent de plus en plus rares avec en toile de fond, le coût élevé des produits.
A quoi ressemble le panier de la ménagère ?
Sur presque tous les marchés de la capitale ainsi que certaines villes de l’intérieur, le constat est le même : les prix des produits alimentaires ont augmenté. De la commune de Bimbo, les marchés de Pétévo vers la sortie sud du pays en passant par ceux de Simbanza (Gara-sango), Lakouanga dans le centre de la capitale, pour arriver à ceux de Combattant près de l’aéroport et de Pk12 à la sortie nord, tout le monde se plaint de la coût élevé de la vie. Les sachets plastiques noirs ont remplacé les grands paniers faits à base des rotins.
« Même les légumes sont chères et on ne peut plus manger avec cette somme. C’est vraiment difficile », se plaint Mme Marie Ndemayo rencontrée au marché Combattant qui ajoute qu’avec 2000 FCFA soit environs 3 Euros, on ne sait quoi acheter.
Les effets du climat et le manque des semences
« Pour survivre, je me suis orienté vers le jardinage dans la zone réservée de l’aéroport. Le climat a fait que le sol est devenu sec et demande beaucoup plus d’efforts pour l’arrosage. C’est pourquoi, on a augmenté les prix pour récompenser nos efforts fournis », ajoute Christelle Poukandja qui a fui les hostilités dans son quartier Boieng pour trouver refuge sur le site des déplacés de l’aéroport Bangui Mpoko.
Analyse partagée par Grâce Sosor, vendeuse des légumes au marché combattant : « Nous sommes obligés de réduire la quantité et d’augmenter le prix à cause de la réalité dans nos champs. Les cultivateurs ont des sérieux problèmes des semences et aussi de l’assèchement des cours d’eau. Ils nous vendent les produits chers, nous aussi, on refait la même chose pour avoir un peu de bénéfice pour faire face aux besoins de nos familles ».
La coordonnatrice de l’Organisation Non Gouvernementale « Femmes et Environnement Bata Gbako », Philomène Anicette Bia interpelle pour sa part le gouvernement à se pencher sur ce phénomène tout en précisant que « les inventions de l’homme sont des facteurs qui ont occasionné la destruction de l’environnement avec des conséquences comme le changement climatique, le tarissement des cours d’eau et la réduction des productions agricoles en défaveur de la population qui ne trouve pas à manger ».
Système d’alerte précoce
Conscient des effets du changement climatique sur la vie des centrafricains, le gouvernement en partenariat avec la FAO va bientôt lancer un programme d’adaptation au changement climatique. Un système d’alerte précoce, sera mis en place pour aider les agriculteurs à bien mener leurs activités pendant ces périodes de troubles du climat.
Bruno Bokoto De Semboli, expert à la FAO en charge des questions du changement climatique et des produits forestiers non ligneux apporte une précision : « il y’a un grand programme qui va être axé sur la restauration des forets dégradées avec un aspect de plantation des arbres à chenilles, et au niveau de l’agriculture, il est question d’identifier les variétés adaptées au changement climatique pour pouvoir l’introduire en milieu rural auprès des femmes pour la production agricole ». Selon lui, le système d’alerte précoce consiste à prévenir la population agricole, sur les éventuels décalages climatiques et les périodes des semis ».