Face à la hausse vertigineuse de la demande en charbon de bois au Cameroun, les autorités promeuvent la production du charbon issu des rebuts de sciages en vue d’une meilleure préservation de l’environnement. Et ça marche.
Des petites unités de transformation des rebuts de sciages en charbon de bois se développent ainsi à l’Est du pays. En effet, la décision N°2032 du 22 Août 2012 du ministère des forêts et de la faune (Minfof) a fait une nette différence entre le charbon de bois vert qui provient directement de la coupe d’arbres dans la forêt, et le charbon de sciage qui est issu des déchets de bois des unités de transformation du bois encore appelés scieries.
La production du charbon de bois vert est une activité réprimée par la loi, dans la mesure où elle contribue à la destruction sauvage de la forêt. L’exploitation de ce type de charbon a de nombreuses restrictions au Cameroun. Par contre en ce qui concerne le charbon de sciage, il faut juste se faire enregistrer en qualité de transformateur artisanal des rebuts de sciage auprès des services en charge de la gestion des forêts pour exercer légalement son activité. C’est cette opportunité qu’ont saisi de nombreuses associations et groupements d’initiative commune de la région de l’Est, aidés en cela par la coopération technique allemande GIZ et les autorités de cette région.
D’après Minko Martin Luther, le président du réseau des charbonniers des contructions forestières de l’Est (Rechacofest) : « cette aire géographique compte actuellement près de 234 charbonniers. Les sites de production de ce charbon légal sont localisés à Abong-Mbang et Lomié dans le Haut-Nyong, Woutchaba dans le Lom-et-Djerem, Batouri et Mindourou dans la Kadey ; Kika, Libongo, Mempoé, Ndeng et Lamedoum dans la Boumba-et-Ngoko » déclare-t-il.
Selon des statistiques de la Plateforme d’orientation et de suivi du développement de la chaîne de valeur du charbon de rebuts de bois mise en place par le gouvernement camerounais, le potentiel de la région de l’Est dans le domaine est évalué à 1,22 million de m3 de rebuts de sciage dont 50% peuvent être carbonisables, ce qui représente la couverture de 15% de la demande nationale en charbon de bois et permet de préserver 4.300 hectares de forêts naturelles.
La commercialisation, maillon faible de la filière
Des unités de transformation industrielle de bois génèrent d’énormes quantités de rebuts de bois à cause de leur rendement matière qui estimé de 30 à 35 %. « C’est au début des années 2.000, que nous avons commencé l’activité de carbonisation, en voyant la quantité élevée des rebuts de bois en déliquescence dans les scieries environnantes. Une partie importante était d’abord abandonnée en brousse, et une partie était brûlée à ciel ouvert après la transformation pour libérer des espaces. La GIZ nous a appris des méthodes de carbonisation modernes et efficientes. » affirme Minko.
Après avoir maîtrisé le volet technique, les parties prenantes se sont intéressées à l’aspect légal de l’activité. C’est ainsi qu’il a été mis en place un réseau pour l’encadrement juridique et administratif des charbonniers.
Le charbon légal doit se déplacer avec un document sécurisé qui est la lettre de voiture. A partir de 20 sacs de charbon, il vous faut ce document officiel. Pour l’avoir, il faut constituer un dossier et le déposer auprès de l’administration concernée qui vous remet un carnet de 25 feuillets de voyage qui coûte 50 000 F CFA. « La procédure de commercialisation a été allégée par les pouvoirs publics mais nous faisons malheureusement face aux tracasseries policières. Surtout lorsque nous allons vendre notre charbon dans la partie septentrionale du Cameroun » s’insurge Bassomben Jean Claude, charbonnier à Batouri.
La commercialisation de ce charbon légal est le maillon faible de cette filière, mais les charbonniers restent optimistes quant à l’avenir. Un numéro vert pour dénoncer des abus a été créé, et les désagréments enregistrés pendant des voyages test vers le Grand-Nord ont été signalés aux autorités concernées en vue des mesures correctives.
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