Virunga: Source d’insécurité selon les populations riveraines

Le territoire de Beni, dans la province du Nord-Kivu et à plus de 400 km de Goma, fait souvent la une de l’actualité à cause de nombreux massacres au couteau y perpétrés par des groupes rebelles, dont les ADF Nalu, et pour lesquels le bilan s’elève actuellement à plus de 100 morts en moins de […]

Le territoire de Beni, dans la province du Nord-Kivu et à plus de 400 km de Goma, fait souvent la une de l’actualité à cause de nombreux massacres au couteau y perpétrés par des groupes rebelles, dont les ADF Nalu, et pour lesquels le bilan s’elève actuellement à plus de 100 morts en moins de 5 mois à ce jour. Selon, les populations environnantes, Virunga sert de base arrière aux rebelles, qui, après avoir commis ces atrocités, s’y réfugient en toute impunité. Face à cela, les populations riveraines accusent le parc d’être le bastion de ces groupes rebelles et voient le parc comme source d’insécurité.

Ajouté à cela, les coordinations des sociétés civiles du Grand Nord-Kivu, oeuvrant dans la ville et le territoire de Beni ainsi que les villes de Butembo et Lubero, avaient exigé, dans une déclaration signée depuis le mois d’août 2016, le déboisement pur et simple du parc national des Virunga. Selon eux, cette décision est consécutive à la résurgence des massacres des civils.

fdlr-rfi

Les massacres au couteau perpétrés par des groupes rebelles ont fait plus de 100 morts en moins de 5 mois à ce jour

Virunga, bastion des groupes rebelles

En plus, des rebelles Hutu-rwandais qui s’y sont installés à la fin du génocide rwandais (1994), les rebelles Maï-Maï occupent précisément une partie des territoires de Lubero et de Rutshuru, où ils cohabitent avec les rebelles du FDLR (Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda). Les plus grands bastions de ces forces rebelles sont les localités de Kazaroho, Tsondo et Ndwali. Tandis que les ADF, réputés pour leurs atrocités contre les civils, sont localisés dans le territoire de Beni précisément à Mayango et dans les massifs de Ruwenzoru. Ils se servent de la population animale du parc pour se nourrir.

Lire: Virunga: 2 gardes tués par des groupes rebelles

En outre, ce même parc sert de couloir pour le trafic des minerais et de l’ivoire vers les pays voisins. A cela s’ajoute la pêche illicite sur le lac Edouard et la création des pêcheries clandestines, les enlèvements des personnes, les pillages des biens des commerçants qui empruntent le parc, ces méfaits sont favorisés par ces mêmes groupes rebelles. Selon Georges Katsongo, président de la société civile coordination de Lubero et rapporteur de ces structures: « les partenaires environnementaux ne s’impliquent pas assez dans l’éradication des groupes armés. Ces derniers sont auteurs de plusieurs cas d’exactions au sein de la population civile. Tel étant le cas, nous procéderons au déboisement de ce parc,«  a-t-il insisté. Des propos qui en dit long sur le désespoir de la population qui bordent Virunga.

Des rebelles des FDLR se promenant dans une forêt non loin de Pingu dans l'est de la RDC

Des rebelles des FDLR se promenant dans une forêt non loin de Pingu dans l’est de la RDC

Pour l’élu du territoire de Beni, Paul Vaghumawa:  » le ministre de l’environnement dont les services spécialisés, à savoir l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN) gèrent le parc, devrait être témoin des actions préconisées mais, sans fâcher les écosystèmes. A chaque fois que les groupes rebelles opèrent dans plusieurs agglomérations des territoires de Beni, Lubero et Rutshuru, ils se retranchent par la suite dans le PNVI « . Citant à titre illustratif les auteurs du massacres des civiles en ville de Beni la nuit du 13 au 14 août dernier, qui ont pris la direction du parc après leur forfait.

La population apeurée, soutient le déboisement de Virunga

La population environnante craint pour sa sécurité car obligée de vivre dans la peur de voir jaillir de Virunga des rebelles, auteurs de ces atrocités. Madame Denise Kaswera, habitant de Rwangoma, un quartier de la ville de Beni et victime des derniers carnages, dit soutenir la décision de la société civile. Selon elle, le parc des Virunga est une vaste étendue de terre avec pour seule mérite d’héberger des tueurs. Ils nous ont ravis nos champs dans ce parage soit disant qu’ils étaient dans le parc, s’alarme-t-elle.

Lire: Parc des Virunga :Controverse autour de l’exploitation du pétrole

Un propos relayé par Amini Hossana, conducteur de moto taxi rencontré au rond point Nyamwisi de Beni. A l’en croire, la route qui sépare la ville de Beni à Kasindi, une cité frontalière avec l’Ouganda, constitue un danger pour les voyageurs et les conducteurs comme lui à la hauteur du parc des Virunga. « Il faut, souligne-t-il, sécuriser le parc en défaut le faire disparaitre. »

Quant à la notabilité locale, le député national Daniel Yereyere, élu du territoire de Beni qui dit se fier aux témoignages des victimes, a accusé les éco-gardes d’être de mèche avec les tueurs. Selon lui, il n’est pas compréhensible qu’après chaque forfait des présumés ADF, ils se retranchent dans le parc et qu’en aucun moment l’on ait signalé un affrontement entre eux.

Le déboisement : une décision qui ne fait pas l’unanimité

En réaction à la décision de la société civile, Olivier Mukisya, membre de la cellule de communication du parc déclare:  » si la société civile estime qu’elle a l’autorisation de détruire le parc à cause de l’ADF Nalu, cela engage sa responsabilité. » Il appelle la société civile à être cohérente et rationnelle dans sa prise de position et se dit surpris car, cette même société civile a toujours été partenaire de l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN) dans la préservation de ce patrimoine mondiale.

Vue du parc national des Virunga

Vue du parc national des Virunga

La décision des coordinations de la société civile du Grand Nord-Kivu n’est pas la bienvenue auprès de la société civile dite « environnementale ». Aisé Kanendu, ancien point focal du Centre de recherche en environnement, démocratie et droits de l’homme (CREDDHO) pense que cette position a été prise à l’avant vite. Il indique que les efforts jusque là consentis par la société civile pour lutter contre la destruction du parc ne doivent pas être réduits au néant par elle-même. Agir autrement serait vouloir une chose et son contraire,. La meilleure porte à laquelle il fallait frapper est celle qui demande au pouvoir public de protéger le parc.

Pour Mbusa MBafumoja du Programme d’action locale (PAL), une structure engagée dans le reboisement à Kanyabayonga, cette déclaration de la société civile est interprétée comme un appel à l’envahissement du parc. « En fait, ce vaste étendu de terre est toujours vu d’un mauvais œil par les riverains étant donné la fertilité de son sol, son bois dont la braise est appréciée sur le marché des grands centres urbains, ainsi que les planches souvent appréciées pour sa qualité dans les pays voisins. Au stade actuel, demander que le parc soit déboisé peut être interprété comme un geste de destruction méchante et n’est pas la solution appropriée pour la sécurité de notre contrée, relève-t-il.

De la nécessité de protéger le parc !

Quelques jours avant la déclaration des coordinations de la société civile du Grand Nord-Kivu sur le déboisement du Parc des Virunga, ces mêmes structures, dont les coordinations de Lubero et Butembo, s’étaient déclaré favorable à préserver ce patrimoine mondial, lors d’un atelier de réflexion organisé par l’ONG Virunga Yetu avec l’appui financier de l’ICCN, à la fin du mois de Juillet. En outre, ils ont opté pour l’accompagnement des projets de l’Alliance Virunga, une fondation qui œuvre pour la conservation du parc, notamment le tourisme, la plantation des arbres et l’agro-industrie.

En plus, des rebelles Hutu-rwandais qui s’y sont installés à la fin du génocide rwandais (1994), les rebelles Maï-Maï occupent précisément une partie des territoires de Lubero et de Rutshuru, où ils cohabitent avec les rebelles du FDLR (Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda)

En plus, des rebelles Hutu-rwandais qui s’y sont installés à la fin du génocide rwandais (1994), les rebelles Maï-Maï occupent précisément une partie des territoires de Lubero et de Rutshuru, où ils cohabitent avec les rebelles du FDLR (Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda)

Georges Katsongo, président de la société civile de LUBERO qui y a pris part, et aujourd’hui signataire de la déclaration demandant le déboisement du parc, s’étaient engagés à sensibiliser les communautés locales aux valeurs socio-économiques et environnementales du Parc National des Virunga. Cependant, il avait alors indiqué:  » cette collaboration à la préservation du parc est tributaire au préalable de la sécurité des populations et de leurs biens qui est un devoir du gouvernement. Le parc national des Virunga a, depuis les différentes guerres de rebellions, été un champ favorable à la formation mouvement rebelles. »

Le salut du parc national des Virunga repose sur le gouvernement de la RDC qui devrait s’activer à favoriser l’intégration socio-économique des populations riveraines du parc en le sécuriser totalement. Et plus jamais, on pourra entendre parler des solutions du genre proposée par la société civile Grand Nord-Kivu, à savoir: « déboiser » le parc pour des raisons quelles qu’elles soient.

Le destin des Virunga se trouve dans la croisée des chemins, car sa survie est menacée de toute part. Entre le gouvernement qui souhaite exploiter ses ressources naturelles, les groupes rebelles qui s’y refugient, la société civile qui demande son déboisement et, enfin et pas le moindre, la population qui la critique, autant à cause des restrictions d’accès imposées par la direction du parc, d’une part et du fait qu’il soit un refuge pour les groupes rebelles; la conservation ne fat pas que des émules.

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