Chine – Afrique, une coopération parfois déséquilibrée dans le secteur forestier

Dans le secteur forestier, la forte demande Chinoise a fait perdre plus de six milliards de dollars à l’Afrique en deux ans, révèle l’ONG américaine Environmental Investigation Agency (EIA). Selon Environmental Investigation Agency, certains importateurs dont le principal marché est la Chine violent l’interdiction totale ou partielle d’exportation de bois sous forme de grume en […]

Dans le secteur forestier, la forte demande Chinoise a fait perdre plus de six milliards de dollars à l’Afrique en deux ans, révèle l’ONG américaine Environmental Investigation Agency (EIA).

Selon Environmental Investigation Agency, certains importateurs dont le principal marché est la Chine violent l’interdiction totale ou partielle d’exportation de bois sous forme de grume en vigueur dans plusieurs pays Africains. Le plus souvent, ces investisseurs bénéficient de la complicité des autorités administratives locales. Ce qui «entraine des pertes socio-économiques pour l’Afrique et affaiblit le partenariat gagnant – gagnant établit entre la Chine et l’Afrique », précise le rapport de cette organisation internationale intitulé  African log bans matter: Reforming Chinese Investment and Trade in Africa’s Forest Sector, publié en marge du sommet de Beijing 2018 sur la coopération Sino – Africaine (FOCAC) tenue les 03 et 04 Septembre 2018 en Chine.

Selon Environmental Investigation Agency, certains importateurs dont le principal marché est la Chine violent l’interdiction totale ou partielle d’exportation de bois sous forme de grume en vigueur dans plusieurs pays Africains. Photo/ EIA

Selon Environmental Investigation Agency, certains importateurs dont le principal marché est la Chine violent l’interdiction totale ou partielle d’exportation de bois sous forme de grume en vigueur dans plusieurs pays Africains. Photo/ EIA

Des données dudit rapport montrent qu’entre janvier 2014 et mars 2018, environ 89% des exportations de bois sous forme de grumes, de l’Afrique vers la Chine, provenait des pays Africains ayant adopté une politique d’interdiction totale ou partielle d’exportation de bois sous forme de grume. « Ce commerce correspond à plus de six milliards de dollars Américains», estime EIA. Durant cette période, 34 pays Africains ont exporté le bois sous forme de grume vers la Chine. Pourtant, 15 des 34 pays ont une politique d’interdiction totale d’exportation de bois sous forme de grume et au moins 6 pays détiennent une réglementation d’interdiction partielle d’exportation de bois sous forme de grume applicable au bois exporté vers la Chine.

L’Afrique Centrale a totalisé 42% des exportations de bois sous forme de grume de l’Afrique vers la Chine entre janvier 2014 et mars 2018. Trois pays issus de cette région figurent dans le top 5 du classement des 34 pays Africains exportateurs de bois sous forme de grume vers la Chine. Il s’agit de la Guinée Equatoriale, du Cameroun et de la République du Congo respectivement à la 2ème, 4ème et 5ème place. Selon l’EIA, entre 2014 et 2018, ces trois pays ont exporté 6,9 millions tonnes de bois sous forme de grume vers la Chine, soit 38% du volume total des exportations de bois sous forme de grume de l’Afrique vers la Chine durant ces deux dernières années. Un trafic évalué à plus de deux milliards de dollars Américains, d’après les données compilées par Environmental Investigation Agency.

La République Démocratique du Congo (RDC) occupe la 11ème place avec 11% du volume total des exportations de bois sous forme de grume de l’Afrique vers la Chine. Tandis que le Gabon et la République Centrafricaine, classés respectivement à la 14ème et 21ème place détiennent chacun 1% du volume total desdites exportations. Depuis une dizaine d’années pourtant, excepté la République Centrafricaine, les cinq autres pays ont adopté une politique d’interdiction totale ou partielle d’exportation de bois sous forme de grumes. Cependant, l’application de la loi fait défaut, comme l’illustre le cas de la République du Congo par ailleurs situé dans le Bassin du Congo, 2ème plus grande forêt du monde après l’Amazonie.

L’illégalité, une réalité en République du Congo

La République du Congo est le pays du Bassin du Congo ayant alloué la plus grande proportion de son territoire national aux concessions forestières. Des sources officielles montrent que les concessions forestières couvrent plus de 60% de la superficie de la République du Congo. Le secteur forestier occupe donc une place de choix, le bois étant la deuxième ressource naturelle la plus exportée du pays. Seulement, « la plupart de ces exportations se font en violation systématique de la réglementation », déplore EIA.

L’Afrique Centrale a totalisé 42% des exportations de bois sous forme de grume de l’Afrique vers la Chine entre janvier 2014 et mars 2018. Photo/EIA

L’Afrique Centrale a totalisé 42% des exportations de bois sous forme de grume de l’Afrique vers la Chine entre janvier 2014 et mars 2018. Photo/EIA

L’article 48 du Code forestier de la République du Congo, stipule que « Les produits des forêts naturelles ou plantées doivent être transformés au Congo, de manière que les exportations portent, non pas sur les matières premières, mais sur des produits finis ou semi-finis ». Une décision visant à promouvoir les industries locales et combattre l’exploitation forestière illégale. « Une exception est permise uniquement pour les entreprises qui ne détiennent pas le matériel de transformation adéquat sur le plan national.

Dans ce cas, le ministre des eaux et forêts délivre une autorisation spéciale d’exportation de bois sous forme de grumes permettant à l’entreprise concernée d’exporter au plus 15% de sa production annuelle de bois sous forme de grumes. Les 85% restants ne doivent être exportés qu’après transformation locale » rappelle Environmental Investigation Agency.

Dans les faits, EIA constate qu’ « aucune entreprise forestière n’a respecté cette loi entre 2008 et 2017 ». Pour les rappeler à l’ordre, les autorités congolaises ont saisi des grumes excédant le volume autorisé à l’exportation au port de Pointe Noire (2013) et suspendu des permis d’exportation de plusieurs entreprises forestières (2012). Malgré ces sanctions, l’exportation illégale du bois sous forme de grumes de la République du Congo vers la Chine, son principal marché, se poursuit. Conséquence, signale EIA, « ce commerce illégal a fait perdre environ huit cent vingt-trois millions de Dollars Américains à la République du Congo entre Janvier 2014 et Mars 2018 ».

Réguler la demande Chinoise

Pour équilibrer la coopération Sino – Africaine, EIA recommande aux deux parties de renforcer leur collaboration sur des enquêtes liées à la criminalité forestière. De plus, les gouvernements Africains devraient clarifier et rendre publique les législations nationales régissant l’exportation de bois sous forme de grume. Le gouvernement Chinois quant à lui devra prendre des mesures pour empêcher l’entrée du bois illégal sur son territoire. Le combat pour l’exportation du bois légal ne concerne pas que l’Afrique et la Chine. L’Union Européenne et les Etats Unis, dotés des politiques sur la légalité du bois, sont aussi interpellés, en tant que principaux consommateurs des produits en bois venus de la Chine.

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